Le Québec a la même cote de crédit que l'Italie et il est proportionnellement aussi endetté que les États-Unis ou le Portugal. Mais il a aussi des atouts pour résister à la tempête.

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Le gouvernement du Québec n'a pas de problème à emprunter sur les marchés pour financer sa dette. Toutefois, le Québec a plusieurs points en commun avec les pays en crise, comme l'Italie et le Portugal, a constaté La Presse.

L'agence de notation Standard&Poor's, celle-là même qui a décoté les États-Unis la semaine dernière, accorde au Québec la note A+. C'est la cote actuelle de l'Italie et celle qu'avait le Portugal il y a deux ans, des pays en pleine tourmente actuellement.

La crise, qui s'est aussi propagée à l'Espagne, a commencé en Grèce en 2009. Elle oblige la Banque centrale européenne à intervenir pour aider ces pays à financer leurs dettes.

Les cotes de crédit accordées par les agences comme Standard&Poor's sont un reflet de la solidité financière d'un emprunteur ou, autrement dit, de sa capacité de payer ses dettes. Plus cette cote est élevée, meilleurs sont les taux d'intérêt pour l'emprunteur.

L'Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni ont la meilleure cote de crédit qui soit: AAA. Les États-Unis sont maintenant un cran en dessous, à AA+, et le Japon est à AA-, tous les deux en raison de leur fort endettement.

En comparaison, la Grèce a maintenant la cote CC, attribuée aux emprunteurs qui sont au bord de la faillite. Quant au Portugal, il est passé de A+ il y a deux ans à BBB- aujourd'hui. C'est la cote limite, en deçà de laquelle les investisseurs institutionnels, comme la Caisse de dépôt et placement, ne prêtent plus à ce type d'emprunteur.

Le Québec n'est pas un pays, mais Standard&Poor's et les autres agences lui accordent tout de même une cote de crédit, comme aux autres provinces, d'ailleurs. L'agence donne au Québec la cote A+ depuis une dizaine d'années. Les autres agences de notation attribuent aussi une cote relativement élevée au Québec.





Dette du Québec

La cote de crédit est liée au taux d'endettement, notamment. Au Québec, la dette du gouvernement équivaut à 55% du produit intérieur brut (PIB). Autrement dit, elle s'élève à plus de la moitié de l'ensemble de ce que produit l'économie du Québec pendant un an.

Ce chiffre de 55% ne représente toutefois pas toute la dette publique qui incombe aux Québécois. Pour l'estimer, il faudrait ajouter la part de la dette fédérale, notamment, ce qui rendrait le chiffre comparable à celui des pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

En faisant cet ajout, la dette des Québécois passerait à environ 101% du PIB, selon une mise à jour des estimations du ministère des Finances du Québec réalisée par La Presse. Ce taux d'endettement est aussi élevé que celui des États-Unis, et semblable à celui du Portugal (111%) et de la France (97%). La Grèce, pire élève des pays occidentaux, a une dette brute en 2011 qui équivaut à 157% de son PIB, selon l'OCDE.

En plus du taux d'endettement, les agences tiennent compte du déficit annuel pour établir la cote d'un pays, de même que de la force et de la diversité de son économie, entre autres choses.

À cet égard, les États-Unis font piètre figure puisque le déficit public est à plus de 10% du PIB. C'est, avec celui de l'Irlande, le plus élevé des pays de l'OCDE. L'Espagne a un déficit relativement moindre, à 6,3% du PIB, mais le taux de chômage y est de 20,3%, un drame national.

Sur cette base de comparaison, le Québec fait relativement bonne figure. Ainsi exprimé, son déficit serait parmi les plus bas des pays occidentaux, à environ 4,9% du PIB (ce qui inclut la part du déficit fédéral). Le taux de chômage du Québec est faible, à 7,5%, et la croissance annuelle de son économie, à 2,9%, est nettement plus élevée que celle des pays en crise (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).

Dans ce palmarès, le Canada s'en tire très bien. Selon l'OCDE, la dette du fédéral, des provinces et des villes équivaut à 86% du PIB, bien en bas de la moyenne. De plus, grâce aux ressources naturelles, l'économie est vigoureuse, les banques sont solides et le retour à l'équilibre budgétaire est en vue.