Les craintes d'une nouvelle récession mondiale font frémir les marchés boursiers. Mais sur le court de tennis, c'est le calme plat.

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«Nous ne sommes pas à l'épreuve de la récession, mais nous sommes résistants devant la récession. Il faut dire que notre produit sur le terrain est incroyable», dit Adam Helfant, PDG de l'ATP, circuit de tennis professionnel masculin dont fait partie la Coupe Rogers, en entrevue exclusive à La Presse Affaires.

Depuis trois ans, les revenus de l'ATP ont augmenté de 65%, en grande partie en raison des nouvelles ententes de commandites, dont celles avec Corona et FedEx. À l'exception de son championnat de fin de saison à Londres, l'ATP n'exploite pas ses tournois, laissant ce rôle aux fédérations sportives (comme Tennis Canada pour la Coupe Rogers) et à des entreprises privées.

L'ATP ne touche pas une partie des revenus des tournois. Le circuit reçoit plutôt des droits équivalant environ à 11,5% des bourses. Pour la Coupe Rogers, Tennis Canada doit verser environ 345 000$ à l'ATP, une somme marginale dans son budget de quelque 15 millions. Le prix des billets de la Coupe Rogers a augmenté en moyenne de 4% à 8% par année depuis 2008.

Malgré l'incertitude économique en Europe, son marché le plus important, l'ATP a bon espoir d'établir un nouveau record d'assistance cette année. La marque à battre: 4,4 millions de spectateurs durant la récession de 2009. «Nous avons raté de peu cette marque l'an dernier, dit Adam Helfant. Avec un peu de chance en fin de saison, nous pourrons établir un nouveau record.»

»L'âge d'or du tennis masculin»

En poste depuis 2009, Adam Helfant, un spécialiste du marketing sportif qui a fait ses classes dans la LNH et chez Nike, a pu compter sur le scénario rêvé de tout expert de marketing sportif: la rivalité entre Roger Federer et Rafael Nadal, suivie de l'éclosion d'un nouveau numéro un mondial, Novak Djokovic. «Nous vivons l'âge d'or du tennis masculin, dit-il. L'intérêt pour le tennis masculin n'a jamais été aussi grand, et nous avons pu tirer profit de cet intérêt. Les revenus des tournois ont aussi augmenté et notre circuit est plus rentable que jamais.»

Grâce à ses trois vedettes, l'ATP fait jouer la loi de l'offre et de la demande en sa faveur, d'autant plus que le circuit a choisi d'allonger sa saison morte afin de reposer ses vedettes. «Quand j'ai commencé en 2009, c'était difficile d'avoir des rencontres avec des commanditaires, dit Adam Helfant. Maintenant, plusieurs villes veulent avoir un tournoi, et les villes qui font déjà partie du circuit veulent toutes un tournoi de meilleure envergure. Il y a beaucoup d'intérêt en Chine, mais aussi en Europe où le marché est davantage à maturité. Nous sommes toutefois limités par la durée de notre saison.»

Foi d'Adam Helfant, les amateurs de tennis québécois n'ont pas à s'inquiéter: ils continueront de voir les meilleurs joueurs du monde tous les deux ans. Tennis Canada a un tournoi Masters 1000 chaque année. L'organisme alterne entre Montréal et Toronto. «Nous venons d'implanter notre nouvelle formule de tournois mixtes et nous n'avons aucun plan pour changer quoi que ce soit à nos Masters 1000» - dont celui de Montréal -, dit Adam Helfant, qui quittera son poste à la fin de l'année. Son remplaçant n'est pas encore connu.