Ses émissions d'enquête policière, ses galas d'humour vieux de quelques années et ses documentaires sur les animaux ne battent pas de records de cotes d'écoute au petit écran. Qu'importe: Canal D est la chaîne spécialisée la plus lucrative au pays dans la langue de Molière.

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Avec des profits de 18,1 millions de dollars en 2010, Canal D, une propriété d'Astral Média, devance la chaîne sportive RDS de Bell (17,8 millions), selon les chiffres dévoilés par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). C'est seulement la troisième année depuis 1997 que RDS n'est pas la chaîne spécialisée francophone la plus lucrative au Canada, en se basant sur le bénéfice d'exploitation avant impôts et intérêts.

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«C'est sûr que nos émissions n'ont pas le même effet fédérateur que les matchs du Canadien, dit Judith Brosseau, vice-présidente principale de la programmation de Canal D. Les documentaires sont moins sexy que le hockey ou les dramatiques, mais nos résultats sont à la hauteur de nos efforts. Nos téléspectateurs nous disent souvent qu'ils ont l'impression de se coucher moins nonos, surtout que nous couvrons toutes les sphères d'activités humaines.»

Bonne première des chaînes spécialisées pour les revenus et les cotes d'écoute, RDS a dû composer avec une hausse de 14,9% de ses dépenses, qui ont atteint 100 millions en 2010. «RDS a été le diffuseur des Jeux olympiques en 2010, ce qui a peut-être augmenté ses dépenses», dit Michel Arpin, ancien vice-président du CRTC qui est aujourd'hui professeur de communications à l'Université de Montréal.

Cette tendance à la hausse dans la colonne des dépenses ne risque pas de s'estomper cette année, alors que RDS devra subir pour la première fois la concurrence d'une autre chaîne spécialisée sportive francophone, TVA Sports, qui sera lancée l'automne prochain. RDS ripostera en lançant une troisième chaîne sportive (RDS 2) et en rapatriant le Tour de France, la Coupe Vanier et le soccer de l'Impact de Montréal à son antenne.

En 2009, RDS avait aussi dû céder le premier rang de la rentabilité à Canal Vie. RDS a augmenté ses profits de 4% cette année, comparativement à une hausse de 5% pour Canal D. Les revenus de RDS, eux, ont augmenté de 13% pour s'établir à 119 millions, un record chez les chaînes spécialisées francophones. RDI vient loin derrière au deuxième rang avec des revenus de 54,3 millions.

Canal D a vu ses revenus baisser de 0,9% en 2010 pour s'établir à 35,5 millions, mais ses dépenses ont aussi diminué de 5,7%. Son propriétaire Astral Média, qui dévoilera aujourd'hui ses résultats financiers trimestriels, détient quatre des cinq chaînes spécialisées francophones les plus lucratives en 2010. «Le modèle d'affaires d'Astral est un succès depuis des années», dit Michel Arpin.

Parmi les chaînes spécialisées francophones, RDS est aussi bonne première en matière de cotes d'écoute. Pour les neuf derniers mois, ses parts de marché sont de 5,8%, comparativement à 4,0% pour LCN, 3,5% pour Séries+, 3,0% pour Canal D, 2,9% pour RDI et 2,7% pour Canal Vie. L'émission la plus populaire de Canal D en 2011, Un tueur si proche, a attiré 449 000 télé-spectateurs, comparativement à 1,8 million de téléspectateurs pour le septième match de la série Canadien-Bruins.

TSN première au Canada anglais

Dans la langue de Shakespeare, les chaînes sportives rivales TSN et Sportsnet sont les chaînes spécialisées les plus lucratives au pays. Membre de la nouvelle famille Bell Média tout comme RDS, TSN a gagné son duel contre Sportsnet, propriété de Rogers, grâce à des profits de 53,0 millions comparativement à 46,8 millions.

La chaîne spécialisée W Network, qui s'adresse majoritairement aux femmes, prend le troisième rang au pays avec des profits de 38,3 millions en 2010, après avoir occupé le premier rang l'année précédente grâce à des profits de 41,3 millions.

Ensemble, les deux chaînes TÉLÉTOON (français) et TELETOON (anglais) ont généré des profits de 40,2 millions sur des revenus de 83,8 millions.

En télé payante et à la carte, Super Écran a fait des profits de 19,8 millions sur des revenus de 63,6 millions. Il s'agit d'une baisse de rentabilité de 5% pour la chaîne d'Astral Média. Son pendant anglophone The Movie Network, aussi propriété d'Astral, a généré des profits de 31,5 millions sur des revenus de 136,5 millions, soit une hausse de rentabilité de 11%.