Les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi aux États-Unis ont donné un aperçu brutal de l'ampleur du ralentissement de la première économie mondiale.

Celle-ci n'a créé que 18 000 emplois nets en juin, selon le département du Travail, soit 28% de moins qu'en mai et près de quatre fois moins que ce que pensaient les analystes.

Les chiffres du Ministère font désormais apparaître que les embauches sont restées au point mort pour le deuxième mois de suite. Leur moyenne mensuelle en mai et juin (21 500) a été divisée par 10 par rapport à celle des trois mois précédents.

Le taux de chômage officiel du pays a continué sa remontée entamée en avril, pour s'établir à 9,2%, son niveau le plus haut depuis le début de l'année, alors même que la population active baissait.

Le rapport officiel sur l'emploi est largement considéré comme le meilleur témoin de la vitalité de l'économie américaine.

Il a fait cette fois-ci l'effet d'une douche froide après les espoirs suscités la veille par le bon résultat de l'enquête du cabinet ADP sur l'emploi privé.

La Bourse de Paris a plongé après sa publication, et celle de Wall Street a ouvert en forte baisse.

Les analystes ont affiché leur déconvenue, parlant de chiffres «faibles à tout point de vue», «terribles», «horribles» voire «abominables».

Tandis que le secteur public, sous pression budgétaire, supprimait des emplois pour le neuvième mois d'affilée, le secteur privé, au coeur de toutes les attentions, ne créait que 57 000 postes, soit 22% de moins qu'en mai, a indiqué le Ministère. Les analystes en attendaient 110 000 et ADP en avait trouvé 157 000.

«Où sont les emplois?» a demandé le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, premier homme politique à réagir. M. Boehner a saisi l'occasion pour appeler une nouvelle fois à en finir avec des dépenses publiques qui, à ses yeux, causent plus de mal que de bien à l'économie.

«Nous avons encore beaucoup de chemin à faire», a reconnu le président américain Barack Obama, rappelant les «plus de deux millions d'emplois» créés dans le privé en 16 mois.

Bon nombre d'analystes indiquent toujours tabler sur une accélération des embauches au deuxième semestre, mais Harm Bandholz, de la banque italienne Unicredit, indique que son estimation selon laquelle l'économie américaine créerait «en moyenne 200 000 emplois chaque mois cette année» est «désormais remise en question».

On estime que 150 000 nouveaux emplois sont nécessaires chaque mois pour que le chômage puisse baisser aux États-Unis.

À la mauvaise nouvelle concernant l'emploi s'en ajoute une sur les salaires, qui ont baissé en termes nominaux: la baisse du pouvoir d'achat s'accentue alors que l'économie aurait besoin d'embauches et de hausses des salaires pour se relancer grâce à la consommation des ménages.

Faisant référence aux difficiles négociations budgétaires en cours entre démocrates et républicains, Nigel Gault, économiste du cabinet IHS, estime qu'«il faut assurément un plan de réduction du déficit à long terme» mais que «l'économie n'a absolument pas besoin d'une cure d'austérité budgétaire maintenant».

Selon lui, encore quelques «mauvaises nouvelles comme ça», et la banque centrale (Fed) pourrait envisager des mesures de relance supplémentaires après toutes celles très controversées qu'elle a déjà mises en oeuvre.

Son chef, Ben Bernanke, devrait préciser ses intentions mercredi et jeudi lors d'auditions au Congrès.