L'ex-géant canadien Nortel Networks a vendu aux enchères tous les brevets qu'il possédait à un regroupement d'entreprises évoluant dans le domaine du logiciel pour la somme de 4,5 milliards $ US.

Ce groupe est constitué de Waterloo, de l'Ontarienne Research In Motion (RIM), d'Apple, de EMC, d'Ericsson, de Microsoft et de Sony. La part du fabricant du Blackberry se chiffrerait à approximativement 770 millions $ US.

L'enchère sur plusieurs jours a permis de vendre quelque 6000 brevets qui constituaient les derniers actifs de Nortel. Il touchent à presque tous les aspects des télécommunications, notamment la recherche sur Internet et les réseaux sociaux.

La vente devra obtenir l'approbation d'instances judiciaires canadiennes et américaines lors d'une audience commune le 11 juillet prochain. Elle devrait être complétée au cours du troisième trimestre.

La Cour supérieure de l'Ontario avait prolongé jusqu'au 14 décembre la période dont Nortel Networks bénéficiait pour se restructurer à l'abri de ses créanciers. Ce délai a donné à l'ancien géant des télécommunications plus de temps pour compléter la vente de ses derniers actifs.

Selon le stratège en chef chez Nortel, George Riedel, l'importance et la valeur de cette transaction est sans précédent, compte tenu de l'intérêt parmi les grandes entreprises de la planète.

L'avocat new-yorkais spécialisé en brevets d'invention Alexander Poltorak abonde dans ce sens.

«C'est, de loin, la plus grosse transaction de l'histoire, par rapport au nombre de brevets vendus et par rapport au prix de la vente», a-t-il déclaré vendredi, quelques heures après l'annonce.

M. Poltorak a qualifié le groupe d'acheteurs de «consortium de rock stars» et il a ajouté que «personne ne s'attendait à un prix d'achat aussi élevé».

«Les brevets sont utilisés comme de la monnaie dans notre économie basée sur le savoir. Ils n'appartiennent plus à un domaine obscur et nébuleux de la loi. Ils sont désormais à l'avant-plan dans le monde des affaires.»

«Si les dirigeants de Nortel avaient su qu'ils étaient assis sur une mine d'or de brevets, la faillite de Nortel aurait pu être évitée grâce à la monétisation des brevets.»

La possession d'un brevet pourrait faire en sorte qu'un téléphone intelligent ait des caractéristiques particulières ou, encore, elle pourrait élever les coûts de fabrication d'une entreprise rivale, qui devrait dorénavant payer pour le brevet, estime Ron Epstein, le PDG d'Epicentre IP Group, une maison de courtage de brevets qui n'est pas impliquée dans la transaction.

Nortel avait déjà annoncé qu'elle ne s'attendait pas à ce que ses actionnaires bénéficient des recettes de cette vente.

La compagnie, qui a déjà compté 95 000 employés dans ses rangs et dont la valeur a autrefois été estimée à 300 milliards $, s'est placée sous la loi de la protection de la faillite au Canada et aux États-Unis en 2009.

La diminution des commandes de la part des compagnies de téléphone et de sérieux retards de paiement de dettes ont causé la chute de Nortel.

Dans un classement paru l'automne dernier, le passif de la compagnie était estimé le 30 septembre 2010 à un peu moins de 10 milliards $US, en incluant les dettes.