Crise européenne, endettement inquiétant des ménages, reprise à deux vitesses: les risques qui planent au-dessus de l'économie mondiale se sont accrus depuis six mois, avertit la Banque du Canada (BDC).

> Suivez Maxime Bergeron sur Twitter

Dans un rapport publié hier, l'institution énumère une foule de facteurs qui pourraient plomber la fragile reprise. La quasi-faillite de la Grèce et de plusieurs États européens soulève des craintes, mais le Canada n'est pas non plus à l'abri d'un revers de fortune, prévient la BDC.

«La principale source de risque interne demeure la dette élevée des ménages canadiens comparativement à leur revenu disponible», indiquent les membres du Conseil de direction dans leur volumineuse revue du système financier, publiée deux fois l'an.

La BMO a indiqué cette semaine qu'un Canadien sur trois vit à la limite ou au-dessus de ses moyens. L'endettement global des ménages atteint maintenant un ratio record de 147,3% des revenus disponibles, totalisant 1524 milliards de dollars au premier trimestre.

Menace au système bancaire

Cette accumulation de dette jamais vue menace non seulement la santé financière des ménages, mais celle du système bancaire canadien tout entier, martèle la BDC dans son rapport.

«La vulnérabilité grandissante de ce secteur accentue le risque qu'une détérioration des conditions économiques se transmette à l'ensemble du système financier en entamant la qualité des prêts octroyés aux ménages, écrit-on. L'augmentation des provisions pour pertes sur prêts qui en résulterait, combinée à la baisse de la qualité des autres prêts du portefeuille des institutions financières, pourrait provoquer un resserrement des conditions de crédit.»

Crise européenne

Si l'endettement des ménages constitue le plus grand risque interne pour l'économie canadienne, la pire menace externe à court terme provient du risque de défaillance des pays européens comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal. «Le fardeau intenable de la dette publique dans plusieurs économies avancées demeure la pire menace à la stabilité du système financier canadien», avance la BDC.

Les banques d'ici sont peu exposées «directement» à ces pays, mais elles pourraient souffrir des contrecoups de défauts de paiements sur la reprise mondiale. Le niveau d'endettement stratosphérique du Japon et des États-Unis inquiète en outre la BDC, qui souligne que les risques posés par ces nations se sont légèrement accrus depuis décembre.

Surchauffe dans les pays émergents

La surchauffe de l'économie de plusieurs pays émergents - en particulier la Chine - apporte aussi son lot de problèmes potentiels. Selon la BDC, l'afflux trop important de capitaux dans cette région accentue le risque de formation de bulles d'actifs.

«La forte croissance du crédit, le développement rapide des infrastructures et l'envolée des prix des logements donnent à penser que l'économie de la Chine, par exemple, court le risque de basculer de la surchauffe à la récession», écrit-on.

Une plongée de la Chine en récession affecterait nécessairement le monde entier, en raison d'une baisse de la valeur des matières premières, de la confiance des investisseurs et des échanges commerciaux.

Selon Diana Petramala, économiste à la Banque TD, ce rapport au ton pessimiste laisse croire que la Banque du Canada attendra un peu plus que prévu avant de remonter son taux directeur, qui se situe toujours à 1%. La banque l'entrevoit à un niveau «plus normal» de 3% en 2013.