L'économie canadienne a commencé l'année sur les chapeaux de roues grâce surtout à la remise en marche des usines ontariennes d'assemblage de véhicules qui ont aussi stimulé la production de pièces et de produits métalliques.

Le produit intérieur brut (PIB) réel a crû de 0,5% pour le deuxième mois d'affilée, propulsant le rythme d'expansion annuel à 3,3%, indiquait hier Statistique Canada.

Si pareil chiffre était attendu, on ne peut espérer une telle avancée en février ou en mars, faute de rattrapage. N'empêche, même avec une croissance nulle improbable pendant ces deux mois, le PIB aura sans doute avancé de plus de 4% en rythme annuel durant cet interminable hiver. Bref, la croissance accélère en dépit de la force du huard et de la décélération de l'économie américaine.

«La hausse observée en janvier dans la production de véhicules et de pièces automobiles était en partie un redressement à la suite de phénomènes temporaires: des fermetures d'usines à des fins de réoutillage en novembre 2010 et des conditions météorologiques défavorables qui ont gêné la production en décembre», précise l'agence fédérale.

Voilà pourquoi la production manufacturière a bondi de 2,8%, après le gain plus modeste de 0,8% en décembre qui faisait suite à trois replis mensuels d'affilée. «N'eût été cette industrie, le PIB réel n'aurait progressé que de 0,2%, ce qui demeure néanmoins un résultat légèrement supérieur au potentiel pour 2011», estime Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Le potentiel, ou vitesse de croisière optimale sans pressions inflationnistes, est évalué à 2,0% environ par la Banque du Canada. Elle le révise tous les automnes.

La plupart des segments de la fabrication ont gagné du terrain, à l'exception notable du raffinage.

Cela s'explique en bonne partie par le repli de 0,5%, le premier en trois mois, de l'extraction minière et d'hydrocarbures que l'agence fédérale attribue aux difficultés de la production de pétrole synthétique. Un incendie a éclaté au site Horizon.

Le repli de l'activité minière n'était pas généralisé, comme en fait foi le bond de 10,8% de la production de fer, très concentrée au Québec. Toutefois, à hauteur de 593 millions, elle représente à peine 1% de l'activité minière canadienne, comparativement à 3% environ pour la potasse saskatchewannaise.

Le fer génère néanmoins beaucoup d'activité. L'intensification de sa production a contribué à la poussée de 5% du transport ferroviaire.

De manière plus globale, la production de biens s'est accrue de 1,1% grâce aussi à l'apport de l'agriculture (1,4%), des services publics (0,5%) et de la construction (0,4%). De janvier à janvier, la production de biens s'est accrue de 6,3%.

Du côté des services, qui représentent un peu plus de 70% de l'activité économique canadienne, la croissance de 0,3% en janvier a été assurée par le commerce de gros, le transport et l'entreposage de même que par l'intermédiation financière.

Dans ce dernier cas, la saison des REER a été marquée par le retour en grâce des fonds communs de placement.

En revanche, les arts et spectacles ont reculé de 0,9%, alors que le commerce de détail s'est replié pour le deuxième mois d'affilée et ne progresse que de 2,1% en un an.

Une croissance annualisée de l'ordre de 4,0% est beaucoup plus rapide que la mise des économistes sur une avancée de 3,0% à 3,5%. C'est surtout bien davantage que la prévision de 2,5% de la banque centrale, qui remonte à la mi-janvier. Depuis, précise Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO marchés des capitaux, trois rapports mensuels du PIB sont parus, qui ont montré des gains de 0,4%, 0,5%, et 0,5%, ce qui équivaut pour ces trois mois à un rythme annuel de 6,0%.

La Banque du Canada publiera un nouveau scénario économique le 13 avril qui va tenir compte de l'accélération de l'expansion et du ralentissement temporaire dans le secteur automobile entraîné par les arrêts de production forcés au Japon, grand fournisseur de pièces. «Elle avait en outre sous-estimé de beaucoup la croissance du quatrième trimestre de 2010 (à 2,3% au lieu de 3,3%)», rappelle Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.