Contre toute attente, le déficit commercial canadien a fondu en novembre, grâce surtout à la baisse des achats à l'étranger de produits pétroliers et d'automobile. À l'opposé, celui des États-Unis est resté stable.

Exprimées en volumes, tant les exportations que les importations canadiennes ont reculé, les secondes davantage que les premières toutefois.

Statistique Canada a indiqué hier que le déficit commercial s'est établi à 81 millions, contre 1,5 milliard en octobre, initialement annoncé à 1,7 milliard. Il s'agit du meilleur solde depuis avril, alors que le Canada avait enregistré un léger surplus.

La valeur des exportations a augmenté de 0,8%, grâce au bond de 3,9% des prix des biens industriels au cours du mois. La quantité de biens expédiés à l'étranger a cependant reculé de 2% en raison du repli de 10% des expéditions d'automobiles. Certaines usines ont fermé, le temps d'adapter l'outillage aux modèles 2011.

La réduction de la production de voitures nord-américaines aura néanmoins favorisé le solde commercial puisque les importations en provenance des États-Unis ont reculé de 5,1%. Le surplus de nos échanges avec notre grand voisin est ainsi passé de 1,7 à 3,0 milliards, d'octobre à novembre.

La valeur de l'ensemble de nos importations a quant à elle diminué de 3,2% à hauteur de 34,4 milliards. «Il s'agit du recul le plus important depuis la fin de la récession», indique Emanuella Enenajor, économiste chez CIBC.

Excédent avec l'UE

Pour le deuxième mois d'affilée, le Canada enregistre un excédent avec l'Union européenne, qui s'établit à 447 millions, grâce encore une fois à d'importantes ventes d'or.

«La composition des exportations est en train de se déplacer des biens de consommation vers les biens industriels, note Diana Petramala, économiste chez TD. Il y a aussi leur destination qui change. Le marché américain ne représente plus que 70% des exportations canadiennes, la plus faible proportion depuis le début des années 80.»

Les exportations de pétrole ont diminué, mais les importations de brut ont chuté davantage après un bond en octobre. Cela signale sans doute une amélioration du solde commercial du Québec, qui achète à l'étranger tous les hydrocarbures qu'il consomme.

«La quasi-élimination du déficit commercial en novembre tient au plus haut niveau d'exportations de biens industriels enregistré depuis novembre 2008 (même en volume!) et à une chute des importations d'énergie ainsi que de machines et d'équipement», résume Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

Moins d'achats à l'étranger

Le bilan du mois fait aussi état d'une première diminution des achats à l'étranger de machines et d'équipement en 10 mois. Cela n'est pas forcément un renversement de tendances. Les résultats trimestriels de l'Enquête auprès des entreprises de la Banque du Canada publiés plus tôt cette semaine ont révélé leurs intentions de continuer de moderniser ou d'accroître leurs capacités de production au cours des prochains mois.

Ce sera un vecteur de croissance alors que l'endettement des ménages va les forcer à ralentir leur consommation, qui aura été le grand moteur de la reprise. Les exportateurs devront prendre le relais. «La croissance américaine et la flambée des marchés des biens de base vont soutenir les secteurs qui reposent sur les exportations», croit Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux.

Les chiffres américains du solde des échanges internationaux de biens et de services n'accréditaient pas encore cette thèse, en novembre.

Le déficit est passé de 38,4 à 38,3 milliards, le plus faible en 10 mois. Exprimés en dollars constants pour gommer l'effet des variations de prix, les volumes des exportations ont diminué davantage que celui des importations de sorte que le solde s'est légèrement détérioré. «La baisse des importations des biens de consommation signale peut-être un affaiblissement de la demande intérieure par le biais des dépenses des ménages», suggère prudemment Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins.

Souhaitons que les prochains mois infirment ce pressentiment.