Astral (T.ACM.A) s'adresse aux tribunaux afin d'annuler les derniers achats de son rival Cogeco (T.CGO), qui doit prendre possession des stations de radio CKAC, le 98,5 FM et CKOI d'ici la fin du mois.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

Ce revirement de situation, plutôt inattendu, arrive à trois semaines de la date limite de l'achat de 11 stations de radio de Corus [[|ticker sym='T.CJR.B'|]] par Cogeco au prix de 80 millions de dollars. «Oui, nous sommes surpris, dit René Guimond, vice-président des affaires publiques et des communications de Cogeco. Astral est dans une position dominante dans le marché de la radio au Québec, mais s'acharne sur une décision dûment rendue par le CRTC et essaie de faire avorter une transaction. Astral contrôle 75% du marché anglophone à Montréal. On ne parle pas d'une société qui essaie de faire sa place dans l'industrie.»

Numéro un de la radio au Québec, Astral Média se défend de vouloir jouer le rôle du méchant dans cette histoire judicio réglementaire. «Nous ne jouons pas le rôle du méchant, dit son porte-parole Pierre Boisseau. Nous voulons faire respecter les règles établies depuis 12 ans.»

L'enjeu du litige: le nombre de stations qu'une entreprise peut posséder dans un même marché. Le 17 décembre dernier, Cogeco a obtenu la permission du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d'avoir trois stations de radio FM dans le marché francophone de Montréal (Rythme FM, le 98,5 FM et CKOI). Dans la politique du CRTC, la limite est plutôt de deux stations de même langue sur une même fréquence dans un même marché. Le CRTC a fait une exception pour Cogeco afin de lui permettre d'acheter les 11 stations de radio de Corus - notamment parce Cogeco a promis de réinvestir ses profits à Montréal dans ses nouvelles stations des autres régions du Québec.

Astral, qui avait exhorté le CRTC à ne pas faire d'exception pour Cogeco, conteste maintenant sa décision devant la Cour d'appel fédérale. «Les règles doivent être les mêmes pour tout le monde, dit Pierre Boisseau, porte-parole d'Astral. Dans sa politique, le CRTC dit qu'une entreprise ne peut posséder plus de deux stations. Nous avons déjà laissé tomber des occasions d'affaires en raison de cette règle. S'il fallait changer les règles, il aurait fallu le faire avant (l'annonce de la transaction Cogeco-Corus), pas après.»

«Nous estimons que la requête d'Astral est sans fondement et nous entendons la contester de façon vigoureuse», dit René Guimond, de Cogeco.

Astral doit d'abord convaincre la Cour d'appel fédérale de la pertinence d'entendre sa cause. Si la Cour d'appel fédérale se penchait sur la requête d'Astral, elle retarderait le plan de match de Cogeco, qui s'est donné jusqu'au 1er février 2011 pour conclure la transaction. Mardi, Cogeco a indiqué être en mesure d'attendre si la Cour fédérale d'appel devait se saisir de l'affaire.