L'économie canadienne a recommencé à croître, progressant d'un modeste 0,2 pour cent en octobre, après les revers encaissés lors de deux des trois mois précédents.

Même si elle est bienvenue après la contraction de 0,1 pour cent affichée en septembre, la croissance d'octobre, moindre que prévue, laisse l'économie canadienne dans une situation chambranlante en cette fin d'année.

«La direction est la bonne, mais ceci est inférieur aux attentes de la Banque du Canada», a observé Derek Holt, de la Banque Scotia.

Mais malgré cela, la hausse de 0,2 pour cent risque de détourner l'attention des détails, a poursuivi M. Holt. À l'exception d'un bond de 2,4 pour cent pour le secteur des ressources, d'autres secteurs clés ont affiché des baisses - notamment ceux de la fabrication, de l'agriculture, de la foresterie et des pêches, des services publics et du commerce de détail.

Le déclin de 0,6 pour cent du secteur manufacturier est particulièrement décevant compte tenu des récents signaux de reprise.

Selon David Madani, économiste en chef de Capital Economics, les faibles données sur la fabrication et l'exportation sont recouvertes des «empreinte digitales» d'un vigoureux huard. En outre, avec un taux d'endettement record de 148 pour cent du revenu disponible, les consommateurs canadiens ne sont pas en position de prendre le relais.

«Nous devons rester prudents quant à nos perspectives pour ces raisons», a expliqué M. Madani.

«Il y a quelques signes convaincants qui permettent de croire que la reprise est assez forte pour générer de bons emplois de qualité qui pourraient aider à faire croître les revenus d'emploi.»

Les données d'octobre dressent la table pour une croissance d'environ deux pour cent pour le quatrième trimestre, a estimé M. Madani. La Banque Scotia se montre encore plus prudente, avec une prévision de 1,8 pour cent. Dans les deux cas, il s'agirait d'une meilleure performance que celle d'un pour cent affichée pour le troisième trimestre, mais elle resterait moitié moins importante que celle attendue pour la même période aux États-Unis.

Une reprise de la croissance américaine ne pourrait pas arriver trop tôt pour le Canada, a noté Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux.

«Pour que l'expansion au Canada atteigne le prochain niveau, nous avons besoin de voir l'économie américaine passer à une vitesse supérieure. Heureusement, cela semble être précisément le cas», a-t-il indiqué.

La croissance économique américaine du troisième trimestre a été révisée à la hausse, mercredi, pour atteindre 2,6 pour cent. Jeudi, de légers gains ont été signalés dans les revenus et les dépenses des consommateurs.

Le problème, avance M. Madani, est que la plupart des améliorations au sud de la frontière sont attribuables à des facteurs artificiels - notamment à l'infusion d'argent de 600 milliards $ US de la Réserve fédérale et à la prolongation des réductions d'impôts de l'époque du président George W. Bush. Les problèmes structurels à long terme persistent, a averti l'analyste.

Plus tôt cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) a prédit que l'économie canadienne afficherait une croissance d'environ 2,3 pour cent en 2011.

Mais certains observateurs sont plus optimistes, dont la Banque TD, qui s'attend à ce que la croissance rebondisse à 3,2 pour cent l'an prochain grâce à une plus grande demande pour les exportations canadiennes au sud de la frontière.

Le rapport de jeudi comportait quelques éléments positifs de plus, notamment du côté du marché de la revente de maisons. L'activité des agents et courtiers immobiliers a grimpé de 5,1 pour cent.

En outre, le secteur du commerce de gros a crû de 0,5 pour cent, stimulé par les meilleures ventes de véhicules motorisés et de pièces automobiles. Les ventes de meubles et d'appareils électroniques ont aussi progressé.