Des deux côtés de la frontière, on a enregistré une nette amélioration de la balance commerciale en octobre, un mois caractérisé par beaucoup de singularités.

Au Canada, le commerce international de marchandises s'est soldé par un cinquième déficit d'affilée, mais le plus petit des trois derniers mois. De septembre, à octobre, il est passé de 2,3 milliards (initialement rapporté 2,5 milliards) à 1,7 milliard, a indiqué hier Statistique Canada. Cette amélioration est attribuable à une augmentation beaucoup plus forte de la valeur des exportations (3,1%) à hauteur de 33,77 milliards que celle ces importations (1,2%) à 35,49 milliards.

C'est toutefois l'inverse qui s'est produit avec notre principal partenaire commercial. Nos expéditions vers les États-Unis ont crû de seulement 0,4% alors que nos achats de biens américains ont progressé de 1,7%. L'excédent commercial canadien avec notre voisin a fondu encore de 300 millions. À hauteur de 1,1 milliard, c'est le plus petit depuis 1992, précise l'agence fédérale. En fait, nos livraisons chez l'Oncle Sam ne représentaient plus que 70% du total. Il s'agit de la proportion la plus faible depuis 1982.

«Les exportateurs canadiens perdent des parts de marché aux États-Unis, probablement à cause de l'appréciation du huard, signale Diana Petramala, économiste chez TD. Le Canada ne représente plus que 14% des importations américaines alors que c'était presque 20% en 2001.»

En contrepartie, notre solde commercial avec le reste du monde s'est assaini. Ce déficit est passé de 3,7 à 2,8 milliards.

Les expéditions internationales ont progressé dans les produits agricoles, forestiers, de l'automobile et surtout les biens industriels, métalliques tout particulièrement.

La demande de métaux précieux a bondi de 45,2% à 1,6 milliard. Encore une fois, le Royaume-Uni s'est montré friand d'or, achetant plus de la moitié des expéditions. Il a acquis aussi beaucoup de résidus de métaux précieux et de minerais bruts à bonne teneur en métaux précieux, tout comme l'Allemagne.

L'Allemagne, la Suède, le Japon et la Corée du Sud ont fait main basse sur le métal rouge: les livraisons de cuivre ont bondi de 243%.

On enregistre aussi une forte hausse des ventes à l'étranger de motoneiges, ce qui témoigne que le consommateur est en bien meilleure posture que l'an dernier.

Exprimés en volumes, nos échanges commerciaux reflètent une amélioration plus grande encore avec un bond de 4,9% des exportations contre une augmentation de 1,8% des importations surtout concentrée dans le pétrole et le charbon.

«Après deux trimestres inquiétants, il semble que le tableau du commerce international s'éclaircisse un peu», résume Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

C'est aussi le cas aux États-Unis où le déficit du commerce de biens et de services a été ramené de 44,6 à 38,7 milliards, selon le Département du Commerce.

Cet embellissement, bien plus grand que les attentes des experts, est le fruit d'une hausse de 3,2% des exportations et d'un repli étonnant de 0,5% des importations, attribuable à de plus faibles achats de pétrole.

Ce n'est pas seulement des biens canadiens que les Américains ont moins acheté, des chinois aussi. Le déficit avec l'empire du Milieu a reculé pour un deuxième mois d'affilée à 25,5 milliards. En août, il avait atteint le record de 28 milliards et attisé les tensions entre les deux puissances, à la veille du sommet du G20.

La Chine ne s'en porte pas plus mal pour autant et tire partie de la reprise globale dont elle est une des locomotives. Le mois dernier, ses exportations ont bondi de 10,76% ce qui lui a permis de dégager un excédent de 22,9 milliards.

Son économie est en surchauffe. La Banque populaire de Chine vient de porter à un sommet de 18,5% les réserves que devront conserver ses banques, mais ce sera sans doute insuffisant. «L'économie chinoise a assurément besoin à la fois de taux d'intérêt plus élevés et, surtout à la lumière de l'excédent commercial, d'une monnaie plus forte, estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Banque Nationale. Nous nous attendons toujours à une appréciation du yuan de 10% d'ici un an.»