Une photo du patron qui danse collé-collé avec la nouvelle secrétaire. Une vidéo de l'employé qui a abusé du bar ouvert. Un commentaire disgracieux sur un collègue. Autant de moments embarrassants d'un party de Noël qui peuvent se retrouver d'abord sur les réseaux sociaux et ensuite devant les tribunaux.

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Les employés qui profitent du party de Noël afin de s'amuser aux dépens de leurs collègues sur Facebook ou les autres sites de réseaux sociaux peuvent être poursuivis pour diffamation ou atteinte à la vie privée.

«Les gens ont l'impression d'être dans l'intimité de leur salon quand ils font un commentaire sur leur patron ou sur des rapprochements durant le party de Noël, mais les réseaux sociaux sont un lieu public», dit Me Florence Lucas, avocate du cabinet Gowlings qui a défendu l'auteur Claude Robinson dans l'affaire Cinar.

L'employeur a le devoir de s'en mêler s'il veut éviter d'être responsable lui aussi. «Il vaut mieux prévenir que guérir. L'employeur peut remercier à l'avance ses employés de ne pas diffuser de photos ou d'informations à propos du party sur Facebook», dit Me Lucas, qui se spécialise notamment en droit de la technologie et en diffamation.

Au Canada, la publication de toute photo non autorisée est considérée comme une atteinte à la vie privée. Que faire si les photos du party de Noël se retrouvent quand même sur Facebook? Au lieu d'envoyer des mises en demeure, Me Lucas suggère d'abord de déposer une plainte auprès du site de réseau social. Sur Facebook, la photo est généralement retirée en deux jours. «C'est plus rapide et moins coûteux qu'un avocat, dit Me Lucas. Encore plus simple, l'employeur peut demander à son employé de retirer la photo qu'il a mise en ligne.»

Mais l'affaire ne peut bien pas s'arrêter là, surtout si les photos sont compromettantes. Car elles ont beau avoir été retirées, le mal est parfois déjà fait. «Il suffit de quelques heures de diffusion pour que la photo soit conservée et utilisée ultérieurement», dit Me Lucas.

Afin de s'éviter des poursuites, l'employeur doit se doter d'une politique d'utilisation des réseaux sociaux par ses employés et la faire respecter. Mais il ne peut pas interdire complètement l'accès à Facebook et à Twitter. «Ça poserait des problèmes quant à la liberté d'expression, dit Me Lucas. Les employeurs doivent vivre avec les réseaux sociaux et avoir une politique pour contrôler ce qui s'y passe.»

«C'est très tendance de gazouiller (tweeter) durant le party de Noël, dit Me Lucas. Ça peut être une bonne idée si c'est fait dans le respect du droit à la vie privée.»