La téléréalité n'est pas qu'une mode passagère: elle fait désormais partie de la réglementation du petit écran.

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Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a modifié lundi sa réglementation afin de créer une nouvelle catégorie d'émissions uniquement pour la téléréalité. Auparavant, les téléréalités étaient classées par le CRTC comme des documentaires ou des émissions d'intérêt général dans le calcul des conditions de licence des réseaux de télé.

«C'est un correctif qu'on apporte à notre réglementation, dit Scott Hutton, directeur général de la radiodiffusion du CRTC. Certains réseaux ont déjà tenté de faire classer des émissions de téléréalité comme des documentaires. Ça a fonctionné une fois ou deux au début. Maintenant, la porte est fermée.»

Le CRTC n'a pas l'intention de réglementer le nombre d'heures de téléréalité au petit écran. «Les changements ont été apportés afin de préciser les conditions de licence des diffuseurs. Nous n'avons pas l'intention de nous lancer de ce côté-là (réglementer le nombre d'heures de téléréalité par réseau), mais nous aurons des statistiques plus claires sur la téléréalité», dit Scott Hutton.

Astral Media, dont les réseaux MusiquePlus et MusiMax diffusent des émissions de téléréalité, estime que le changement n'affectera pas sa programmation ni ses conditions de licence. «Nous sommes toujours en train d'étudier les différents aspects de la décision, mais nous ne voyons pas d'incidence sur la capacité de diffuser des téléréalités», dit Hugues Mousseau, porte-parole d'Astral Media. MusiquePlus diffuse à la fois des téléréalités québécoises (VJ Recherché, Rock n' Road) et américaines (The Hills, Jersey Shore).

«Nous ne pensons pas qu'il y aura une incidence sur nos conditions de licence», a indiqué Tim Ringuette, porte-parole de V, qui diffusait cet automne la controversée émission de téléréalité Dubois en réalité sur la vie du chanteur Claude Dubois.

Les Productions J, qui produisent la téléréalité la plus populaire au Québec (Occupation double) à TVA, estiment que la nouvelle réglementation du CRTC ne changera pas la demande des diffuseurs pour ce genre de télévision. «Ça ne changera rien pour nous comme producteur et on doute beaucoup que les diffuseurs aient un jour des contraintes sur la diffusion de téléréalités», dit Louis Noël, directeur des communications de Productions J, entreprise de production de Julie Snyder.

Les émissions de téléréalité ne sont pas admissibles au financement du Fonds des médias du Canada, qui distribue environ 350 millions de dollars par année. «Nous avons notre définition distincte du CRTC pour les émissions de téléréalité. Nous ne finançons pas les téléréalités. Nous finançons seulement les documentaires, les dramatiques, les émissions de variétés et les émissions jeunesse», dit Stéphane Cardin, vice-président, industrie et affaires publiques, du Fonds des médias du Canada.

Les téléréalités ont droit aux crédits d'impôt fédéraux pour la production d'émissions de télé, mais pas aux crédits d'impôt du gouvernement du Québec. «Généralement, une émission est admissible aux deux crédits, mais il y a une exception au Québec pour les téléréalités. Une émission comme Occupation double n'a pas droit aux crédits d'impôt au Québec», dit Jean-François Thuot, associé en fiscalité au cabinet de comptables Raymond Chabot Grant Thornton.