Les risques qui pèsent sur les perspectives économiques du Canada se sont accentués, en raison de l'endettement des ménages et des engagements financiers des banques canadiennes sur le marché immobilier aux États-Unis, qui reste très fragile, a averti jeudi le FMI.

Dans un rapport préliminaire publié à l'issue d'une mission dans le pays, le Fonds monétaire international a brossé un tableau plutôt élogieux de la gestion de la crise économique mondiale par le pays.

Des zones d'ombre subsistent cependant, comme «la situation de plus en plus précaire des bilans des ménages», s'est inquiété le chef de mission du FMI, Charles Kramer. L'endettement des Canadiens atteint le niveau record de 145% du produit intérieur brut, ce qui menace la demande intérieure.

De manière générale, le FMI note que le Canada est sorti rapidement de la récession mondiale «grâce à une riposte vigoureuse des pouvoirs publics et à la résilience du système financier».

Toutefois, ajoute-t-il, «le rythme de la reprise a quelque peu fléchi ces derniers mois et les risques extérieurs à court terme se sont accentués».

Le FMI prévoit une croissance de 3,1% en 2010, la deuxième plus élevée du G7 après l'Allemagne, et de 2,7% en 2011, la plus élevée du G7.

Il recommande au gouvernement d'Ottawa «de continuer à soutenir la reprise tout en affrontant les défis à long terme». Il juge notamment «opportune» son intention de faire preuve de «souplesse» dans les délais de réalisation des projets d'infrastructure en cours financé par le plan de relance économique, qui doit expirer le 31 mars.

«Les autorités monétaires et budgétaires devraient être prêtes à intervenir si les risques baissiers venaient à se matérialiser», estime aussi le FMI.

Le FMI a salué par ailleurs la stratégie budgétaire qui prévoit d'éliminer le déficit d'ici à l'exercice 2015-2016, ce qui permettrait au Canada «de rester le pays du G7 dont la situation budgétaire est la plus solide».

Le gouvernement prévoit de ramener le déficit à 45,4 milliards de dollars canadiens pour l'exercice s'achevant le 31 mars, après le déficit record de 55,6 milliards enregistré en 2009-2010.

Le plan pour un retour à l'équilibre est basé sur des hypothèses de croissance à court terme assez prudentes et sur une limitation des dépenses de programmes, qui «seraient essentiellement gelées en termes réels», souligne le FMI.

Cependant, si nécessaire, d'autres actions devraient être envisagées, «telles que des mesures visant à restreindre l'accroissement des transferts aux provinces ou à accroître les recettes», a prévenu le FMI.