Ils sont armés de microscopes et d'ordinateurs capables de décoder les gènes... et on compte maintenant sur eux pour soutenir le développement économique du Québec.

Génome Québec a présenté hier les 19 équipes de recherche qui seront soutenues financièrement par les gouvernements et le secteur privé pour mettre au point des projets de génomique, une science en plein essor qui plonge au coeur des gènes pour comprendre notamment l'origine des maladies.

En injectant 27,5 millions de dollars dans ces projets, les investisseurs publics et privés espèrent générer à long terme d'importantes répercussions économiques.

«Le secteur de la génomique est l'une des forces du Québec et il est d'un intérêt stratégique en raison de ses liens étroits avec l'industrie biopharmaceutique, qui représente pas loin de 40 000 emplois», a lancé hier le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac, au cours de l'annonce des projets gagnants.

Québec injecte la moitié de l'argent, soit 13,75 millions, par l'entremise d'une enveloppe de 30 millions déjà accordée à Génome Québec. Le reste des fonds provient du privé (23%), d'organismes fédéraux (15%) et de diverses fondations (12%).

«Pour nous, c'était très important qu'il y ait des partenaires privés là-dedans», a dit hier le ministre Gignac, qui y voit une façon de s'assurer que les projets répondent à des besoins concrets.

Les biotechs québécoises GenePoc, GeminX et Prognomix ainsi que l'américaine Paradigm Spine sont celles qui ont misé leurs billes sur certains des projets de recherche.

Détection précoce du cancer du sein, traitement de la scoliose, compréhension de l'infertilité masculine: les résultats de plusieurs projets de recherche dévoilés hier pourraient bien toucher directement les patients.

«Tous les projets choisis ont dû démontrer un potentiel commercial», explique Jean-Marc Proulx, PDG de Génome Québec.

«Quand tu investis dans la génomique, ce n'est pas pour des retombées économiques demain matin, a cependant précisé le ministre Gignac. C'est davantage sur des horizons de cinq à dix ans, parce que c'est de la recherche. Mais ça va avoir des applications autant en médecine personnalisée et en cancer que dans le secteur de la forêt.»

Un chercheur de l'Université Laval dirige en effet un projet visant à décoder le génome de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, un insecte qui fait peser une menace constante sur le secteur forestier québécois. La recherche pourrait permettre de vaincre le parasite, qui a développé une résistance aux insecticides.

Le secteur des biotechnologies, durement éprouvé par la crise financière, réclame depuis longtemps un financement d'urgence pour éviter que des entreprises prometteuses ne ferment leurs portes. Le ministre Gignac ne voit cependant pas de contradiction dans le fait d'investir dans la recherche fondamentale alors que des entreprises déjà établies crient famine.

«On essaie de tourner toutes les pierres», a-t-il dit à La Presse Affaires, soutenant que le secteur de la biotechnologie québécois a mieux résisté qu'ailleurs sur la planète. M. Gignac a pointé d'autres stratégies gouvernementales comme les fonds d'amorçage qui sont destinées aux entreprises.

Après avoir soutenu les chercheurs de chez nous, Génome Québec veut maintenant attirer les meilleurs chercheurs d'ailleurs. Un deuxième concours distribuera deux bourses de 5 millions chacune afin de recruter deux sommités internationales. Les résultats devraient être dévoilés l'hiver prochain.