La mollesse des exportations canadiennes des derniers mois se répercute finalement sur les ventes des manufacturiers qui ont reculé pour le deuxième mois d'affilée, en juillet.





Leur valeur a baissé de 0,9%, à hauteur de 44,3 milliards de dollars, a indiqué hier Statistique Canada. Ce recul s'ajoute au léger repli de 0,1% de juin, initialement rapporté comme un gain de 0,1%. Au Québec, le repli de juillet est plus important, soit 2,9%.



Exprimée en volumes, la diminution au Canada se chiffre à 1,0% et pèsera négativement dans la variation de la taille de l'économie en juillet. Ces piètres résultats ont déjoué les prévisionnistes qui avaient parié sur une avancée modeste.

Les perspectives à court terme ne sont guère brillantes, puisque tant les commandes en carnet que les nouvelles commandes étaient aussi à la baisse, de 1,1% et de 3,9% respectivement. «Il faut souligner que la faiblesse n'est pas généralisée», nuance Shahrzad Mobaster Fard, économiste à la Banque TD.

Les replis ont surtout été concentrés dans les véhicules automobiles, les produits du papier et les meubles, bien que des baisses aient été observées dans 12 des 21 segments manufacturiers.

La baisse de la production automobile en raison du ré-outillage annuel plus hâtif aura fait chuter les ventes des fabricants de 8%. «Nous prévoyons un redémarrage de la production en septembre, mais il n'est pas certain que l'accélération sera aussi rapide que dans la première moitié de l'année, prévient Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. Les stocks de voitures neuves aux États-Unis ont augmenté.»

La baisse des ventes des papetiers, la première en cinq mois, a été de 5,5%.

La chute de 10,7% des ventes de fabricants de meubles efface le joli gain de juin. L'entrée en vigueur ou l'augmentation de la taxe de vente harmonisée dans trois provinces le 1er juillet l'explique sans doute en partie.

Parmi les reculs, on remarque aussi celui de 1,4% des produits aérospatiaux. Ce segment accuse une chute annuelle de 30,8%, alors que l'ensemble du secteur manufacturier enregistre plutôt un gain de 6,8%.

On ne sera pas étonné dès lors d'observer un repli plus important de 2,9% des ventes des fabricants au Québec en juillet, tandis que leur poussée annuelle est contenue à 2,9% seulement. Le Québec abrite le gros de l'industrie aéronautique canadienne. En juillet, ses entreprises de matériel de transport (qui inclut cependant le matériel roulant) ont vu leurs ventes fondre de 18%, tandis que celles des papetiers étaient amputées de 8,5%.

Du côté des gains à l'échelle canadienne, mentionnons l'alimentation, le raffinage d'hydrocarbures et la machinerie, trois segments plutôt liés au marché domestique. «La vitalité de la demande intérieure avait permis au cours des derniers mois de contrebalancer la faiblesse du commerce extérieur de sorte que la progression des ventes des manufacturiers était demeurée en territoire positif, observe Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Visiblement, ce ne fut pas le cas en juillet.»

L'important repli de 3,9% des nouvelles commandes est aussi très concentré dans le matériel de transport. Si on l'exclut, le recul est ramené à 0,3%.

Surprise

Enfin, force est de constater que la faiblesse des ventes aura quelque peu surpris les fabricants eux-mêmes. À preuve, le niveau des stocks a augmenté de 0,3%. Le ratio des stocks par rapport aux ventes correspond à 1,33 mois, soit à peu près leur niveau au moment de 2008, juste avant la récession. «On ne peut pas dire qu'ils sont faibles, ironisent Derek Holt et Gorica Djeric, économistes chez Scotia Capitaux. À ce niveau, les entreprises canadiennes étaient mal parées pour affronter un choc externe.»

Les diminuer aura sûrement des répercussions sur le niveau d'emplois en usine.