Les indicateurs économiques publiés jeudi aux États-Unis ont montré une hausse des nouveaux chômeurs et une absence d'inflation de nature à conforter la banque centrale dans sa politique de taux quasi nul alors que la reprise pourrait ralentir dans les mois à venir.

Selon le département du Travail, les nouvelles inscriptions au chômage sont remontées contre toute attente au cours de la semaine close le 12 juin, pour atteindre leur plus haut niveau depuis la mi-mai.

L'économie américaine crée de nouveau plus d'emplois qu'elle n'en détruit depuis le début de l'année, mais le taux de chômage aux États-Unis reste élevé (9,7% fin mai), les offres d'emplois et les embauches restant faibles.

Les nouveaux chiffres du Ministère sont «une preuve supplémentaire de ce que la conjoncture du marché du travail reste difficile», estime Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE.

Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a estimé le 9 juin qu'il faudrait «un temps considérable pour retrouver les quelque 8,5 millions d'emplois qui ont été perdus en 2008 et 2009».

La Fed maintient son taux directeur à quasi zéro depuis la mi-décembre 2008. Le but de cette politique est de stimuler au maximum l'activité économique en abaissant le coût du crédit au minimum.

Les États-Unis ont renoué avec la croissance économique à l'été 2009, mais la Réserve fédérale estime que la reprise devrait rester molle pendant un certain temps et ne pas être en mesure de faire baisser sensiblement le chômage avant longtemps, raison pour laquelle elle rappelle régulièrement son intention de maintenir le temps qu'il faudra son taux à un niveau «particulièrement bas».

La Fed a pour double tâche d'assurer le plein emploi dans un environnement de stabilité des prix.

L'indice des prix à la consommation publié jeudi par le département du Travail est venu montrer qu'elle peut se concentrer sur le soutien à l'économie, sans se soucier d'avoir à relever son taux pour contrer des menaces d'inflation, puisque celles-ci sont inexistantes.

Selon le Ministère, le recul des prix a atteint 0,2% par rapport au mois précédent, et l'inflation a été ramenée à 2,0% en glissement annuel, ce qui est conforme au niveau jugé souhaitable par la Fed.

Le Ministère indique que les variations de prix constatées depuis le 1er janvier correspondent à une inflation nulle sur l'ensemble de l'année.

Pour Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets, cela plaide pour que la Fed maintienne sa politique de taux «au point mort au moins jusqu'à la fin de l'année».

Le Comité de politique monétaire de la Fed doit se réunir les 22 et 23 juin, et personne ne prévoit qu'il remontera son taux à cette occasion.

Au vu des indicateurs déjà publiés, la croissance pourrait accélérer sur l'ensemble du deuxième trimestre, et gagner légèrement en vigueur en reposant davantage que pendant l'hiver sur des éléments durables, comme l'investissement, la production des entreprises ou la consommation.

Néanmoins, l'institut privé Conference Board a indiqué jeudi que son indice composite censé donner une idée de l'évolution de la conjoncture pendant les six mois à venir, bien qu'en hausse de 0,4% en mai, plaidait pour une poursuite de la croissance à un rythme «moins rapide» au deuxième semestre.

Le net ralentissement de l'activité manufacturière autour de Philadelphie dont a témoigné jeudi l'indice de la Fed pour cette métropole des États-Unis pourrait en être un signe avant-coureur.

Pour M. Shepherdson cependant, il pourrait ne s'agir que d'un repli momentané.