En mauvaise posture, le numéro un des téléphones mobiles Nokia (NOK) a lancé mercredi un nouvel avertissement sur ses résultats en raison de ses difficultés face à la concurrence sur le haut de gamme, entraînant une chute brutale de son cours de Bourse.

Déjà malmené sur le créneau lucratif des téléphones intelligents par ses nouveaux concurrents Apple, RIM et Google, Nokia indique que son deuxième trimestre sera moins bon que prévu, en raison de l'«environnement concurrentiel» sur le haut de gamme, ainsi que la baisse de l'euro, qui lui est défavorable.

«Au cours du deuxième trimestre, de nombreux facteurs ont affecté négativement et plus que prévu les activités de Nokia», avertit le géant finlandais.

Outre l'euro et la concurrence, Nokia souligne que ses ventes se reportent sur «des produits aux marges légèrement inférieures», entraînant une baisse de la rentabilité.

Conséquence: le chiffre d'affaires et la marge opérationnelle du second semestre pour sa division clé «Appareils et services» seront «dans la fourchette inférieure ou légèrement en dessous» des précédentes prévisions, indique Nokia.

Même pronostic pour la marge opérationnelle pour l'ensemble de 2010, tandis que pour la part de marché (en valeur), Nokia mise désormais sur un léger recul par rapport à 2009, contre une légère hausse jusqu'à présent.

«Les difficultés demeurent. Mais c'est tout de même une surprise que le deuxième et le troisième trimestre soient plus difficiles que prévus», a déclaré à l'AFP Sami Sarkamies, analyste de la banque Nordea.

«Un nouvel élément, c'est le taux de change, qui n'avait pas affecté le trimestre précédent», a-t-il souligné.

Sur les marchés, où des rumeurs avaient circulé la semaine dernière d'un possible avertissement sur résultat, Nokia a été immédiatement puni.

Après avoir plongé jusqu'à 11%, l'action chutait de 8,8% vers 14H20 GMT à la Bourse d'Helsinki, à 7,22 euros.

Flirtant avec la barre des 7 euros, le titre se rapproche de son niveau de mars 2009, lorsqu'il avait atteint son minimum depuis... 1998, à l'époque Nokia entamait son ascension. En pleine bulle technologique en mai 2000, l'action Nokia avait caracolé jusqu'à 65 euros.

Interrogé par Dow Jones Newswires, le directeur financier de Nokia a déclaré que le troisième trimestre serait également difficile, mais qu'il prévoyait une amélioration vers la fin de l'année, avec de nouveaux lancements.

«Nous prévoyons que la situation commencera à se normaliser au quatrième trimestre», a déclaré Timo Ihamuotila. «Mais il est vrai que le troisième trimestre devrait rester difficile», a-t-il ajouté.

Parti avec un train de retard sur les téléphones intelligents, et notamment à la traîne sur les écrans tactiles, Nokia s'efforce de reprendre de la vitesse en lançant de nouveaux produits et en supprimant des emplois.

Mais experts et analystes soulignent régulièrement que son système d'exploitation Symbian est vieillissant, au moment où Google entre sur le marché avec son propre système, Android, pour équiper les téléphones intelligents.

Le successeur de Symbian n'est pas attendu avant la deuxième moitié de l'année pour tenter de reconquérir les clients séduits par l'iPhone de l'américain Apple ou le BlackBerry du groupe canadien Research In Motion (RIM).

Nokia, qui avait jusqu'en 2008 une part de marché proche 40%, qui est tombée cette année aux alentours de 35%, doit annoncer ses résultats du deuxième trimestre le 22 juillet.