Un jeu vidéo sans manette. C'est l'audacieux pari de Microsoft, qui veut remplacer la manette de son Xbox 360 par des détecteurs sensoriels.

La capteur de mouvement Kinect (Projet Natal) de Microsoft sera en vente seulement à Noël, mais il volera la vedette pour la deuxième année consécutive à l'Electronic Entertainment Expo (E3), grand-messe de l'industrie du jeu vidéo qui commence demain à Los Angeles.

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Après avoir assisté au dévoilement de la console l'an dernier, les studios présenteront cette fois-ci leurs jeux compatibles avec cette nouvelle technologie. Avec 10 projets en cours de conception dont trois qui seront dévoilés à l'E3, Ubisoft compte être aux premières loges de l'aventure Natal. «On se positionne comme un pionnier sur Natal, dit Yannis Mallat, PDG d'Ubisoft Montréal. Avant même que Microsoft n'achète la boîte israélienne 3DV (qui a conçu Natal), on travaillait déjà sur cette technologie avec 3DV. On avait une longueur d'avance.»

Toutes technologies confondues, Ubisoft montrera une quinzaine de jeux aux décideurs de l'industrie et aux amateurs du genre réunis à l'E3. Le plus attendu? Assassin's Creed Brotherhood. Ubisoft compte sur sa franchise la plus lucrative - le premier Assassin a été vendu à 10 millions d'exemplaires, un record, et le deuxième à 9 millions d'exemplaires - afin de retrouver le chemin de la rentabilité.

Au cours de son dernier exercice financier, qui s'est terminé le 31 mars, Ubisoft a perdu 43 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 871 millions d'euros. La société française avait généré un profit de 68 millions d'euros un an plus tôt. «On envisage un retour à la profitabilité pour le prochain exercice, notamment en misant sur la qualité de nos titres phares», dit Yannis Mallat.

Ubisoft fera l'une des apparitions les plus remarquées à l'E3, mais toute l'industrie montréalaise du jeu vidéo s'est donné rendez-vous pendant quatre jours sur le plancher du Los Angeles Convention Center. «Pour nous, c'est l'une des deux semaines les plus importantes de l'année», dit Rémi Racine, PDG d'A2M, entreprise québécoise de 500 employés qui travaillent à Montréal et au Chili. «L'E3 permet de se comparer. Nous savons ce qui s'en vient dans six à neuf mois. Comme toute l'industrie est là, ça nous permet de faire du speed dating d'affaires. Nous ne signons jamais d'ententes là-bas, mais nous remplissons notre liste de projets d'affaires.»

Cette année, Rémi Racine amène une quinzaine de projets de jeux dans ses valises à Los Angeles. «Si ça va bien, j'en réaliserai cinq sur 15», dit le PDG d'A2M, qui propose ses jeux à des éditeurs comme Ubisoft ou Electronic Arts.

Le studio montréalais d'Electronic Arts ne présentera aucun jeu à l'E3 cette année. EA Canada en aura cinq en démonstration, dont NHL 2011. «Après deux lancements importants l'an dernier, nous sommes en année de production à Montréal», dit Alain Tascan, vice-président et directeur général d'EA Montréal.

Malgré la présence du triumvirat du jeu vidéo - Microsoft, Nintendo et Sony -, il y aura un grand absent à l'E3 2010: Apple, dont l'iPad intéresse plusieurs éditeurs de jeux. «L'iPad ira probablement aussi chercher de nouveaux joueurs, dit Yannis Mallat, PDG d'Ubisoft Montréal. C'est positif parce que c'est une forme d'expansion du marché du jeu vidéo.»

«Nous avons beaucoup d'idées pour l'iPad, dit Rémi Racine, président d'A2M. Ce n'est pas un concurrent de Nintendo et de Sony, c'est un nouveau marché. Mais l'iPad ne remplacera pas la console de jeux de 52 pouces. L'iPad n'a pas été conçu pour le jeu vidéo et on peut seulement toucher son écran.»

S'il ne présente pas de nouveau jeu, EA Montréal montrera aux amateurs de jeux de l'E3 ses applications Tetris et Scrabble pour l'iPad. «Je suis un grand fan de l'iPad, dit Alain Tascan, d'EA Montréal. C'est une nouvelle approche du jeu vidéo. C'est très difficile de déterminer où iront les consommateurs, alors vaut mieux être sur toutes les plateformes.»