Après la chute de l'an dernier, le rebond des exportations québécoises de marchandises est bel et bien amorcé. Mais il sera affecté par les tumultes qui persistent dans l'économie mondiale, avertit Peter Hall, économiste en chef à la société d'État fédérale EDC, qui est le principal financier des exportateurs canadiens.

Pour cette année, EDC s'attend à un rebond de 9% des exportations du Québec. Mais l'an prochain, il devrait se limiter à 5%. Ça sera insuffisant pour récupérer la perte significative de 18,6% subie en 2009, selon les données d'EDC.

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«Les exportations de matériaux vont bien. Et une reprise se pointe enfin dans le secteur forestier. Mais le secteur des machines et des équipements traînent de l'arrière, en particulier dans l'aéronautique», a résumé Peter Hall au cours d'une présentation devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Par ailleurs, si la chute des exportations du Québec à 56,4 milliards de dollars en 2009 a été moindre que pour tout le Canada et l'Ontario, il en sera autant du rebond attendu cette année et en 2011.

Après avoir basculé de 23%, à 125 milliards, en 2009, les exportations ontariennes devraient grimper de 15% cette année et de 7% en 2011, selon EDC.

Pour le Canada, après la forte chute de 26,8%, à 333 milliards l'an dernier, le rebond attendu est de l'ordre de 13%, cette année, et de 7%, en 2011.

Malgré tout, les exportateurs canadiens et québécois profitent de la reprise économique, selon Peter Hall.

Il avertit cependant qu'en dépit de récentes données fortes au Canada, la vraie reprise économique, c'est-à-dire affranchie des imposants stimulants gouvernementaux, pourrait se faire attendre encore quelque temps. Au moins jusqu'à l'an prochain pour l'économie américaine, estime Peter Hall. Et encore plus longtemps en Europe, où les défis budgétaires et monétaires sont tels qu'ils freineront la croissance «pendant des années».

«Aux États-Unis, de loin le principal marché d'exportation du Canada, il n'y aura pas de vraie reprise économique avant un rebond durable des mises en chantier, a précisé M. Hall. Or, il y a encore quelques millions de logements en stock qui doivent être absorbés pour ce que ce marché revienne à un certain équilibre.»

Selon EDC, les exportations canadiennes de marchandises vers les États-Unis devraient remonter de 14% cette année et de 7% l'an prochain. Mais ce rebond s'annonce insuffisant pour récupérer la chute de 29% enregistrée en 2009.

Les perspectives sont plus mitigées du côté de l'Europe.

Selon EDC, les exportations canadiennes vers la zone euro devraient progresser de 6% cette année et de 3% seulement l'an prochain. Là aussi, ce gain sera très insuffisant pour combler le recul de l'ordre de 26% subi en 2009.

Entre-temps, c'est encore vers l'Asie et l'Inde que les exportateurs canadiens les plus ambitieux devront s'investir pour raviver leur croissance.

D'ailleurs, la Chine fut le seul marché d'importance où les exportations canadiennes de marchandises ont crû de 8% l'an dernier, malgré la récession mondiale. Pour la suite, EDC s'attend à une croissance rehaussée à 12% cette année et jusqu'à 17% l'an prochain.

«Le maintien de la croissance est une priorité pour les dirigeants de pays comme la Chine et l'Inde. Pour les exportateurs canadiens, ça représente des occasions d'affaires pratiquement illimitées», a indiqué Peter Hall.

Selon les données d'EDC, la Chine a reçu 3,3% des exportations canadiennes de marchandises en 2009, pour près de 11 milliards.

Ce qui la situait au quatrième rang des principaux marchés après les États-Unis, la zone euro et le Royaume-Uni, mais devant le Japon et le Mexique.