L'économie canadienne a connu la plus forte croissance du G7 au premier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) réel a bondi de 6,1% en rythme annualisé, a indiqué Statistique Canada, hier.

En comparaison, la croissance américaine a été de 3,0%, celle de la zone euro de 0,8%.Au quatrième trimestre 2009, l'économie avait progressé de 4,9%. Les 6,1% de janvier, février et mars en font le meilleur trimestre du présent siècle. La Banque du Canada prévoyait une expansion de 5,8%, les économistes du secteur financier de 5,9%.

Les autorités monétaires auront donc bien du mal à justifier le statu quo ce matin, si elles ne haussaient par le taux directeur qui est exceptionnellement faible à 0,25% depuis avril 2009.

En un an, le PIB réel a progressé de 2,2%. C'est la première fois en cinq trimestres que sa variation annuelle est positive.

Il n'est qu'à 0,4% de son pic d'avant la récession, précisent Yanick Desnoyers et Matthieu Arseneau, économistes à la Banque Nationale. «Le Canada est ainsi en voie de passer de la reprise à l'expansion dès le deuxième trimestre.»

La croissance a été observée tant dans les secteurs des biens que des services.

Dans celui des biens, le segment de la fabrication a bondi pour le deuxième trimestre d'affilée.

Les consommateurs ont été au rendez-vous en augmentant leurs dépenses de 4,4%. La construction résidentielle a bondi de 23,6%. (Tous les chiffres sont annualisés.)

Du côté des entreprises, les dépenses en machines et équipement ont tout juste compensé le recul des investissements en construction ou agrandissement d'usines. Au net, leur contribution à la croissance s'élève à 0,9%. «Même si les profits des sociétés sont de près de 17% plus élevés qu'il y a un an, il reste encore trop de capacité inutilisée pour relancer les dépenses en capital fixe», soutient Avery Shenfeld, économiste en chef de CIBC.

Les commerçants ont quand même augmenté leurs stocks, tandis que les fabricants continuaient de réduire les leurs.

Les programmes de relance des gouvernements ont ajouté 2,2% à la croissance, soit trois fois moins qu'au cours des deux trimestres précédents. Bref, l'économie canadienne paraît capable de poursuivre sa croissance sans le dopage de l'État.

Tout considéré, la demande intérieure finale a progressé de 4,7%.

Enfin, les exportations ont augmenté malgré l'appréciation du huard, moins que les importations cependant. Au net, le commerce extérieur a eu un léger effet négatif sur la croissance.

En dollars courants, la hausse trimestrielle annualisée du PIB s'élève à 10%, ce qui aura l'heur de plaire aux argentiers fédéral et provinciaux. Le PIB nominal est la meilleure mesure de la taille de l'assiette fiscale. Le PIB nominal est à 2,2% seulement de son sommet.

Le revenu intérieur brut réel, qui mesure la variation du pouvoir d'achat, a augmenté de 8,7% en rythme annualisé.

Les perspectives du deuxième trimestre sont plutôt encourageantes, même si l'économie ne pourra répéter son exploit de l'hiver.

En mars seulement, le PIB réel mesuré par industrie a bondi de 0,6%. «Cela confère un acquis de croissance (en supposant que le PIB réel demeure inchangé d'avril à juin) d'environ 2,5% pour le deuxième trimestre», calcule Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Évidemment, une stagnation de trois mois paraît improbable, surtout quand on considère qu'il s'est créé un record de 109 000 emplois en avril.

Le taux de croissance annualisé du PIB au deuxième trimestre paraît bien lancé pour dépasser la barre des 3%. Il devrait par la suite ralentir plus près de son potentiel d'environ 2,0%.

En mars, les segments de l'extraction minière et d'hydrocarbures et de la fabrication ont dominé avec des bonds respectifs de 2,7% et 1,8%. Vingt des 21 industries manufacturières ont affiché une hausse.

L'ensemble du secteur des biens a avancé de 1,4%, la seule exception étant les services publics. Le printemps hâtif n'a sûrement pas favorisé la distribution d'électricité et de gaz naturel.

La production industrielle a bondi de 1,7%.

Le secteur des services, déjà en expansion depuis plusieurs mois, s'est accru de 0,3%, grâce à la robustesse du commerce et des intermédiaires financiers.

Sans surprise, l'hébergement et les arts et spectacles ont reculé après avoir anormalement avancé durant le mois des Jeux olympiques de Vancouver.

EN CHIFFRES

3

L'économie a crû pour un troisième trimestre d'affilée, après quatre trimestres de contraction.

2

La croissance de l'économie canadienne durant le trimestre a été deux fois plus forte que celle des États-Unis.