La réforme du régime de médicaments de l'Ontario reste en travers de la gorge du géant Shoppers Drug Mart (SC.TO) et inquiète les pharmaciens québécois. Cela pourrait même rattraper Jean Coutu (T.PJC.A). Et les investisseurs réagissent mal.

Shoppers Drug Mart (Pharmaprix au Québec) a réagi très négativement aux propositions du gouvernement McGuinty et évoque déjà une réduction des heures d'ouverture et une révision des services jusqu'à maintenant offerts gratuitement aux clients.

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L'entreprise, dont 600 des 1170 magasins sont en Ontario, menace aussi de ne plus y ouvrir de nouveaux magasins. «Il faudra voir si cela a encore du sens d'ouvrir des magasins dans ce marché quand il y a des provinces plus propices pour nous», a dit à La Presse la directrice des communications Tammie Smitham.

L'Ontario compte aussi interdire la vente de médicaments d'ordonnance de marque privée. Or, Shoppers étudiait justement la possibilité de lancer sa propre marque.

Les actionnaires de Shoppers ont mal avalé la pilule. Le titre du détaillant a reculé de 9,8% pour finir la séance d'hier à 38,92$ à la Bourse de Toronto. Cinq analystes ont décoté l'entreprise. «Les propositions ontariennes vont éliminer pour les pharmacies tous les bénéfices financiers du mouvement des ordonnances vers les médicaments génériques», explique Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, qui recommande maintenant de vendre le titre.

Au moins, Shoppers pourrait tirer profit d'un affaiblissement de petites pharmacies indépendantes qui pourraient mal s'adapter aux nouvelles mesures pour mettre la main sur de nouveaux établissements à plus faible coût, note M. Howlett. Même chose pour le Groupe Jean Coutu, qui pourrait agrandir son réseau à l'ouest de la rivière des Outaouais. L'entreprise québécoise n'a pas fait de commentaires hier.

Des impacts au Québec

Jean Coutu ne compte que huit pharmacies en Ontario, et sera donc peu touché à court terme par la réforme. Mais son titre a tout de même perdu près de 6% hier, pour clôturer à 9,30$.

Les investisseurs craignent probablement que Québec suive Toronto dans la réduction des coûts des médicaments génériques.

Normand Cadieux, vice-président exécutif de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, est certain que cela se produira, en raison d'une disposition de la politique québécoise du médicament. Les quelque 1670 pharmacies de la province devront donc encaisser des baisses de revenu qui vont affecter la rentabilité, affirme-t-il.

«Il y aura un impact important sur les services offerts par les pharmaciens, ajoute M. Cadieux, que ce soit en termes de suivi ou de rapidité de service.»

Au Québec, les médicaments génériques représentent environ 25% des ventes totales de médicaments sur ordonnance, selon IMS Health Canada.