Malgré l'heure matinale, une centaine de personnes attendent à l'extérieur de la nouvelle pharmacie Jean Coutu (T.PJC.A) à Kirkland. S'ils sont en ligne dès 8h, c'est davantage afin de profiter des rabais d'ouverture et de gagner la télé haute définition que pour serrer la main du nouveau propriétaire. Pourtant, celui-ci est tout sauf un pharmacien ordinaire. C'est un Coutu, troisième génération celui-là.

À 31 ans, Jean-Michel Coutu est le premier des petits-enfants de Jean Coutu à posséder une pharmacie, inaugurée officiellement hier matin en compagnie d'une dizaine de membres de la famille. «On est rendu à la troisième génération. Ce n'est pas encore la famille Molson (sept générations), mais ça va venir bientôt», dit Jean Coutu, joint par La Presse Affaires à sa résidence de la Floride.

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«Peiné» de n'avoir pu assister à l'ouverture de la pharmacie de son petit-fils, Jean Coutu a toutefois eu droit à une visite privée la semaine dernière lors d'un séjour au Québec. Il ne cache pas sa fierté à l'égard de son petit-fils aîné, qui partagera son temps entre sa pharmacie à Kirkland et le siège social de Jean Coutu à Longueuil, où il est directeur principal des systèmes informatiques professionnels. «Jean-Michel est en bonne marche, surtout qu'il est resté un garçon humble. C'est la bonne façon de réussir», dit Jean Coutu.

Aux États-Unis, où il a commencé sa carrière de pharmacien au sein de l'entreprise familiale avant la vente à Rite Aid, Jean-Michel Coutu a hérité du surnom de trouble shooter. «Jean-Michel avait la réputation de pouvoir prendre une pharmacie qui n'est pas parfaite selon les standards du groupe et de la rendre parfaite», raconte son père Michel Coutu, membre du conseil d'administration de Rite Aid, détenue à 28,4% par Jean Coutu.

Jusqu'à la tête?

Son curriculum vitae laisse croire qu'il ne passera pas toute sa vie derrière le comptoir d'une pharmacie. Jean-Michel Coutu détient un MBA de Babson College, une université renommée du Massachusetts qui compte notamment Geoff Molson parmi ses diplômés. Il a travaillé trois ans chez le distributeur pharmaceutique McKesson à Toronto. Il est parfaitement bilingue, ayant déménagé aux États-Unis à l'âge de 8 ans alors que son père, Michel, orchestrait l'expansion de l'entreprise familiale au sud de la frontière. «Il a déjà vécu beaucoup d'expériences pour son âge», dit son père.

Accédera-t-il à la direction de l'empire familial le jour du départ de son oncle François Jean, qui occupe de nouveau le fauteuil du grand patron depuis octobre 2007? «Je ne ferme pas la porte à ça, mais je suis très heureux où je suis présentement. Je veux simplement bien faire mon travail», dit Jean-Michel Coutu avec l'humilité qui caractérise la famille à la blouse blanche.

François Jean Coutu, 55 ans, n'a que de bons mots au sujet de son neveu. «Jean-Michel est un excellent pharmacien et un excellent homme d'affaires, dit le président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu. Il a tous les atouts. Il doit prendre de l'expérience.»

D'autres Coutu

Même s'il est le premier propriétaire d'une pharmacie, Jean-Michel Coutu n'est pas le seul des petits-enfants de Jean et Marcelle Coutu à porter la blouse blanche. Sa soeur Geneviève est pharmacienne à Toronto. Quant aux autres, ils ont encore beaucoup de temps devant eux. Surtout la petite dernière, qui n'a que 6 ans.

De toute façon, Jean-Michel Coutu ne pense pas au fauteuil du grand patron de l'entreprise familiale. Ces temps-ci, il a déjà assez de défis avec l'ouverture de sa pharmacie, qu'il exploite avec son associé Tristan Giguère. «Comme mon grand-père me l'a rappelé cette semaine, la priorité numéro un reste toujours le client», dit-il.

S'il est trop jeune pour être nostalgique, le pharmacien de 31 ans n'a pu s'empêcher de se rappeler des souvenirs d'enfance lors de l'ouverture de sa pharmacie. «À 8 ans, je me déguisais en M. Peanut pour donner des bonbons aux enfants lors de l'ouverture de pharmacies aux États-Unis», raconte-t-il.

Vingt-trois ans plus tard, l'aîné de la dernière génération de Coutu assiste toujours à des ouvertures de pharmacies. Sauf qu'il a troqué son costume de M. Peanut contre la blouse blanche du propriétaire.