Le secteur des communications traverse une période mouvementée. Le groupe Quebecor (T.QBR.B) a néanmoins réussi à accroître ses profits l'an dernier, grâce à Vidéotron surtout, alors que l'empire Canwest poursuit sa restructuration... dans la controverse. Qui plus est, les étrangers pourraient prendre une bouchée plus grosse de l'industrie. Bref, ça bouge dans le milieu.

L'année 2009 a été tumultueuse mais rentable pour Quebecor. Ses profits ont grimpé en flèche grâce à la popularité de son câblodistributeur Vidéotron et à la restructuration de ses médias d'information, marquée par le lock-out au Journal de Montréal.

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En 2009, Quebecor a généré un bénéfice net de 277,7 millions, une hausse de 47% par rapport au bénéfice net de 188 millions en 2008. Il s'agit des meilleurs résultats financiers de Quebecor depuis l'acquisition de Vidéotron en 2000. Détail important pour mettre ces résultats en contexte: Quebecor n'a plus à traîner les soucis financiers de ses anciennes imprimeries dans ses résultats depuis deux ans.

Les résultats financiers annoncés hier, les meilleurs en neuf ans, ont été bien accueillis en Bourse, où le titre de Quebecor s'est apprécié de 4,5% ("1,45$) hier pour terminer la séance à 33,67$.

Encore une fois, le câblodistributeur Vidéotron a largement contribué au bénéfice d'exploitation de Quebecor: 972,9 millions sur 1276 millions. Les médias d'information ont rapporté 199,5 millions et le Groupe TVA 80 millions.

Pierre Karl Péladeau a souligné les 18 trimestres de croissance consécutifs de son câblodistributeur, dont le bénéfice d'exploitation a augmenté de 22% en 2009. «Nous avons réussi à obtenir ces résultats tout en préparant le lancement de notre service de téléphonie sans fil», a dit le président et chef de la direction de Quebecor lors d'une conférence téléphonique avec les analystes boursiers qui suivent le titre de son entreprise. M. Péladeau a décliné la demande d'entrevue de La Presse Affaires.

Le grand patron de Quebecor a passé sous silence le lock-out en vigueur depuis un an au Journal de Montréal, mais il a louangé les résultats financiers de ses médias d'information. «Nos médias d'information ont été particulièrement touchés par le ralentissement économique et les difficultés de l'industrie, mais nous avons démontré l'efficacité des actions rigoureuses que nous avons prises au cours des 12 derniers mois», dit Pierre Karl Péladeau.

La marge bénéficiaire des médias d'information de Quebecor, qui comprend les quotidiens Sun et Osprey, est restée sensiblement la même, à 19%, en 2009.

Quebecor a économisé 66 millions en dépenses l'an dernier au sein de sa division médias, dont 21 millions au cours du dernier trimestre. Quelle proportion des économies a été réalisée grâce au lock-out du Journal de Montréal? Motus et bouche cousue chez Quebecor. Le syndicat chiffre les économies de salaires à 25 millions par année. «C'est un peu effrayant de faire des profits sur le dos de ses 250 travailleurs et de leurs familles. C'est dégoûtant», dit Raynald Leblanc, président du syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, qui a déposé hier une plainte pour négociation de mauvaise foi devant la Commission des relations de travail.

Selon un analyste boursier, le lock-out au Journal de Montréal n'explique pas toutes les économies réalisées par Quebecor. «Le lock-out est une petite partie des économies. La plus grande partie vient du prix du papier et de la restructuration à l'intérieur de l'entreprise», dit Maher Yaghi, un analyste boursier chez Valeurs mobilières Desjardins qui recommande l'achat du titre de Quebecor. Son collègue Jeff Fan, analyste boursier chez Scotia Capitaux, regarde davantage du côté de Vidéotron afin de générer des profits futurs pour les actionnaires. «Vidéotron fait très bien et ça risque de continuer car ses marges de profits les plus importantes sont dans les secteurs les plus en expansion comme l'internet», dit-il. Jeff Fan recommande lui aussi l'achat du titre de Quebecor, même s'il prévoit un ralentissement des profits à compter de l'été prochain. Vidéotron lancera alors son service de téléphonie sans fil. «À court terme, ça occasionne beaucoup de dépenses importantes», dit-il.