Wind Mobile, premier d'une série de nouveaux fournisseurs à lancer son service sans fil au pays, connaît de sérieux ratés après trois mois d'existence.

Deux hauts dirigeants viennent de quitter l'entreprise auparavant connue sous le nom de Globalive. Une tuile qui s'ajoute à des problèmes de couverture, un choix limité d'appareils et un réseau de distribution déficient, affirment les analystes du SeaBoard Group dans un rapport au ton sévère.

«Une réorganisation de la structure de l'entreprise après si peu de temps suggère que les résultats attendus n'ont pas été atteints», indique le rapport.

Wind Mobile aurait attiré seulement 30 000 clients à ce jour dans les trois marchés où elle est présente, soit Toronto, Calgary et Edmonton, estime le SeaBoard Group. À titre d'exemple, Microcell - racheté par Rogers - en avait gagné autant en une seule semaine en 2003, quand elle a lancé son service CityFido à Vancouver.

En gros, Wind Mobile est entrée trop vite dans le marché, sans faire toutes les études et essais techniques nécessaires, selon le groupe d'analyse montréalais. Résultat: des clients déçus auraient déjà abandonné l'entreprise pour retourner chez Bell, Rogers et Telus.

Les nouveaux fournisseurs qui lanceront leur service au cours des prochains mois - dont Vidéotron l'été prochain - devraient bien prendre note des «erreurs» de Wind, avertit le SeaBoard Group.

«Testez, peaufinez, testez et peaufinez encore, écrit-on. Assurez-vous que vos clients soient vos meilleurs ambassadeurs, et non qu'ils répandent le message qu'ils ont fait une erreur en optant pour votre service.»

»Selon les plans»

Chez Wind Mobile, le président et chef de la direction, Ken Campbell, affirme que tout se déroule selon les plans. Il se dit «ravi des résultats» obtenus à ce jour.

«On sent qu'on a secoué le marché et que le marché commence à bouger à Toronto, Edmonton et Calgary, a-t-il dit à La Presse Affaires hier. On continue à construire et étendre le réseau, on sera à Ottawa très bientôt.»

M. Campbell admet qu'il reste «beaucoup de travail à faire». Mais, selon lui, les départs annoncés la semaine dernière à la haute direction ne signifient pas que les choses tournent mal pour sa société.

Wind Mobile a fait couler beaucoup d'encre depuis qu'Industrie Canada a mis une série de licences sans fil aux enchères au printemps 2008. L'entreprise, financée en majorité par le géant égyptien Orascom, avait allongé 442 millions de dollars pour acheter des fréquences partout au pays, sauf au Québec.

Le groupe a ensuite été empêtré dans une bataille juridico-politique devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). L'organisme fédéral l'avait empêché de lancer son service l'automne dernier à cause de la trop forte présence de son investisseur étranger, mais le ministre de l'Industrie a invalidé cette décision en décembre.

Selon le SeaBoard Group, cet imbroglio juridique a sans doute incité Wind Mobile à lancer son service de façon prématurée, de crainte de voir Ottawa changer d'idée encore une fois. Malgré ce faux départ, la firme d'analyse estime que Wind peut se relever.

De tous ceux qui ont acheté des licences auprès d'Industrie Canada, Wind Mobile est le seul à vouloir concurrencer Bell, Rogers et Telus sur leur terrain, avec des appareils high-tech et une couverture quasi nationale. À l'heure actuelle, ces trois géants détiennent environ 95% du marché sans fil canadien, dont les revenus ont dépassé les 16 milliards l'an dernier.

Les autres nouveaux venus auront une offre plus segmentée. Vidéotron, par exemple, sera présent uniquement au Québec, tandis que Public Mobile et Mobilicity viseront un créneau bas de gamme, sans flafla.