Le gouvernement Harper a réussi en 2009 à donner un peu de tonus à l'économie canadienne, frappée par une dure récession mondiale, grâce à son plan de relance de plus de 40 milliards de dollars échelonné sur deux ans.

Le prochain défi de taille du gouvernement conservateur sera de rétablir l'équilibre budgétaire dès que la reprise économique sera bien engagée, estime le ministre des Travaux publics et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis.

Car la récession a laissé beaucoup d'encre rouge dans les livres de comptabilité du ministère des Finances - le déficit du présent exercice financier frisera les 56 milliards de dollars -, et il faut éviter de retomber dans l'ornière des déficits successifs, selon M. Paradis.

Dans une entrevue accordée hier à La Presse, M. Paradis s'est dit encouragé par les dernières données économiques, estimant qu'il s'agit d'un signe évident que le plan de relance économique porte ses fruits. En novembre, quelque 79 000 nouveaux emplois ont été créés, faisant reculer le taux de chômage de 0,1% à 8,5%.

Mieux encore, les exportations canadiennes ont augmenté de 3,4% en octobre, grâce principalement à une reprise de la demande aux États-Unis, principal partenaire commercial du Canada. Concrètement, le Canada a donc affiché un excédent commercial de 428 millions de dollars en octobre, alors qu'il avait accusé un déficit de 850 millions en septembre.

Malgré ces bonnes nouvelles, M. Paradis a affirmé qu'il reste encore un bout de chemin à faire avant de crier victoire. Mais une fois la reprise solidement engagée, le gouvernement fédéral devra consacrer ses efforts à rétablir l'équilibre budgétaire.

«Nous avons encore une grosse année de travail devant nous pour mettre notre plan économique en oeuvre. Mais à un moment donné, il va falloir rétablir l'équilibre budgétaire. Ce sera un enjeu et un défi pour nous de revenir à l'équilibre», a dit M. Paradis.

«À partir du 21 mars 2011 (fin du programme de relance), on ne pourra plus laisser le buffet ouvert parce que ce sont les générations futures qui devront en assumer la responsabilité. Après deux années de dépenses et une fois que l'économie aura des bases solides, il faudra faire une bonne gestion des finances publiques et dire non à certaines dépenses», a-t-il ajouté.

M. Paradis se félicite d'ailleurs des «bonnes relations» qu'il entretient avec les principaux ministres du gouvernement Charest dans la mise en oeuvre du plan de relance. «J'ai de bons alliés à Québec. Je pense que nous faisons du bon travail et c'est à l'avantage de tous», a-t-il dit.

Par ailleurs, M. Paradis a profité de l'entrevue pour inviter le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et ses troupes à faire preuve de plus de respect envers les élus québécois qui n'appuient pas l'option souverainiste.

Le ministre a affirmé que M. Duceppe et ses troupes n'hésitent pas à lancer des insultes aux députés conservateurs du Québec aux Communes. Au cours des dernières semaines, M. Duceppe a traité les députés conservateurs du Québec de «béni-oui-oui» parce qu'ils appuient certaines mesures controversées comme le projet de loi visant à abolir une partie du registre des armes à feu (armes d'épaule) ou le plan de lutte contre les changements climatiques, jugé inadéquat pas les écologistes et les trois partis de l'opposition.

M. Duceppe a même traité le député conservateur de Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière, Jacques Gourde, de «personnage digne des Têtes à claques» en point de presse après que M. Gourde eut demandé que des documents en anglais seulement soient traduits avant d'être étudiés en comité parlementaire. Le Bloc québécois avait critiqué cette requête en affirmant que la traduction des documents faisant le point sur les investissements d'Ottawa en infrastructures serait une dépense inutile parce qu'ils contiennent essentiellement les noms des villes et les dépenses du gouvernement fédéral.

«Le Bloc québécois n'a pas le monopole des valeurs québécoises», a affirmé M. Paradis, soulignant la victoire du candidat conservateur Bernard Généreux dans le bastion bloquiste de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup aux élections partielles du 9 novembre.

«Gilles Duceppe fait toujours la même chose. Quand il est à court d'arguments, il sort les insultes de cour d'école et les sobriquets pour faire son clip du jour à la télé. Cela va faire son temps. Les gens sont tannés de cela sur le terrain. Mais Gilles Duceppe tente de surfer comme cela parce qu'il n'a jamais rien géré et il ne gérera jamais rien», a dit M. Paradis.

Le ministre a affirmé que les députés conservateurs ont reçu un mandat de leurs électeurs et ont donc la légitimité de mettre en oeuvre leur programme politique.