Astral (T.ACM.A) veut lancer une nouvelle chaîne de télévision destinée aux enfants: VRAK Junior, la petite soeur de VRAK.TV. Mais le projet est compromis en raison de l'échec des négociations avec Vidéotron et Quebecor Media (T.QBR.B), qui veulent aussi lancer leur propre chaîne pour enfants intitulée TVA Junior.

Vidéotron, qui détient 51% du marché de la distribution télévisuelle au Québec, et Astral ne s'entendent pas sur la somme des redevances à accorder à VRAK Junior, une chaîne spécialisée dont la distribution n'est pas obligatoire. L'impasse est telle qu'Astral, qui a obtenu sa licence du CRTC pour VRAK Junior en mars 2006, a écrit au CRTC afin de lui faire part de son problème.

L'inconfort d'Astral Media dans ce dossier survient alors que Quebecor Media et Vidéotron tentent de convaincre le CRTC d'adopter un système de redevances des revenus du câble pour les chaînes généralistes basé sur des négociations entre les diffuseurs et les distributeurs.

Astral, qui ne s'oppose pas à la demande de licence de TVA Junior, espère toujours trouver un terrain d'entente avec Vidéotron. «Les négociations sont peut-être un peu plus longues mais au moins, elles continuent, dit Pierre Boisseau, vice-président adjoint aux communications d'Astral Média. Ce n'est pas que Vidéotron ne veut pas distribuer VRAK Junior. Nous espérons que ça se concrétise favorablement.»

Quebecor Media refuse d'être blâmée pour le retard du lancement de VRAK Junior. «Les relations entre les distributeurs et les diffuseurs ne sont pas nécessairement au beau fixe, dit Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Quebecor Media. Il y a des tensions, surtout dans le climat actuel, mais de là à conclure que c'est parce qu'on veut lancer TVA Junior (qu'il n'y a pas d'entente), il y a une extrapolation. Nous aussi, nous aimerions bien conclure une entente. Mais comme on dit en français, it takes two to tango. Peut-être qu'Astral pourrait mettre de l'eau dans son vin...»

Astral suggère d'attribuer à VRAK Junior les mêmes redevances que celles attribuées à Prise 2, une chaîne spécialisée de Quebecor Media qui obtient 0,50$ par abonné. «Nous voulions donner un exemple de ce qu'une chaîne qui fait partie de la famille Quebecor obtient», dit Pierre Boisseau.

Mince consolation pour Astral: si Quebecor Media lance TVA Junior - dont le dossier sera étudié lundi prochain par le CRTC -, Vidéotron n'aura pas le choix de distribuer VRAK Junior en raison des règles de concurrence du CRTC. Un seul problème: la licence de VRAK Junior, obtenue en mars 2006, vient à échéance en mars 2010. C'est l'une des raisons qui a poussé Astral à faire part de son problème au CRTC. «On veut s'assurer que le CRTC ne nous oublie pas, dit Pierre Boisseau. Ce n'est pas parce que TVA veut lancer une nouvelle chaîne (que les autres n'existent pas)»

Astral, qui n'a pas déposé de plainte officielle dans le dossier de VRAK Junior, demande plutôt au CRTC d'amender la réglementation en vigueur afin de mettre en oeuvre sa propre politique adoptée en octobre 2008. Selon cette politique du CRTC, un distributeur comme Quebecor Media possédant des chaînes de télé francophones devra distribuer un nombre minimal de chaînes concurrentes francophones (deux chaînes concurrentes francophones pour une chaîne liée au distributeur).

Astral estime que sans l'adoption de ces nouvelles règles, «toute nouvelle offre (de chaîne de télé) continuera d'être ralentie» au Québec, selon sa lettre au CRTC.