Les entreprises ontariennes en arrachent... et le Québec se retrouvera avec un chèque de péréquation moins élevé! Manque à gagner l'an prochain: 225 millions de dollars.

Après avoir fait un bond de 4,1%, à 8,36 milliards de dollars, cette année, les paiements de péréquation que recevra Québec reculeront de 1,3%, à 8,24 milliards. Au printemps, le ministère des Finances tablait plutôt sur 8,5 milliards.

Cette baisse est expliquée à la page 118 du document sur la situation économique et financière du Québec rendue publique mardi prochain par le ministre des Finances, Raymond Bachand: «Selon les dernières données fiscales produites par l'Agence du Revenu du Canada, la détérioration de la capacité fiscale de l'Ontario comparativement aux autres provinces s'avère plus importante que prévu au moment du budget.»

En termes clairs, ça signifie que les entreprises ontariennes passant un mauvais quart d'heure, leurs profits sont moins élevés que prévu, quand il leur en reste.

Moins de profits veut dire moins d'impôts pour le fisc ontarien. Comme les paiements péréquation servent justement à compenser une moindre «capacité des provinces à générer des revenus», pour reprendre l'expression du gouvernement fédéral, la province qui a longtemps été la plus importante contributrice à ce programme verra ses revenus de péréquation augmenter.

Les documents québécois s'attardent seulement à décrire le manque à gagner pour le Québec. Ils n'estiment pas ce que l'Ontario recevra en plus, lui qui s'est fait verser 347 millions en vertu du programme pour la première fois cette année.

Années à venir

«Si la situation économique d'une province bénéficiaire se détériore par rapport à celle des autres provinces, la péréquation additionnelle à laquelle cette province a droit réduit automatiquement la péréquation versée aux autres provinces», écrit encore le ministère québécois des Finances, où on déplore ce concept d'«enveloppe fixe».

Comme la péréquation est calculée sur la «capacité fiscale» des provinces sur une moyenne de trois ans, il y a fort à parier que cet impact sur les revenus québécois se fera sentir au-delà de l'an prochain. Hier, au ministère des Finances, personne n'a voulu se lancer dans de telles conjectures. «Peut-être, mais là, on entre dans la dynamique du calcul», a expliqué le porte-parole du ministère, Jacques Delorme.

Cette année, outre le Québec et l'Ontario, quatre provinces ont reçu des paiements de péréquation. Il s'agit de l'Île-du-Prince-Édouard (340 millions), la Nouvelle-Écosse (1,6 milliard), le Nouveau-Brunswick (1,7 milliard) et le Manitoba (2,1 milliards).

Si le Québec est la province qui en reçoit le plus au total, c'est une tout autre histoire quand on fait les comparaisons par habitant. À ce chapitre, l'Île-du-Prince-Édouard arrive première (2424$ par personne) suivie du Nouveau-Brunswick (2255$), comparativement à 1067$ par Québécois, selon les calculs de La Presse Affaires.

Terre-Neuve et la Saskatchewan n'en reçoivent plus. Le fait de ne plus faire partie du club des provinces pauvres - les «have-nots» comme ils disent - a provoqué une certaine fierté dans la population de ces provinces.

Pour ce qui est des autres transferts fédéraux, Québec pourra compter sur 315 millions de plus cette année et sur 76 millions l'an prochain. Ces hausses s'expliquent essentiellement par la signature de deux ententes, celle sur le marché du travail et l'autre ayant trait à Chantiers Canada.