Si l'activité immobilière ne ralentit pas au Canada, la Banque du Canada pourrait devoir hausser son taux directeur beaucoup plus tôt que prévu, avertissent deux économistes du Groupe financier Banque TD.

Présentée comme un risque plutôt que comme une prévision, cette éventualité est tout de même plausible, affirment Craig Alexander et Grant Bishop dans un rapport publié cette semaine. La Banque du Canada s'était engagée il y a quelques mois à maintenir ses taux au plancher jusqu'en juin 2010, au plus tôt.

Dans la dernière année, la performance du marché canadien de l'immobilier a été rien de moins que remarquable, soulignent les auteurs. Malgré l'accumulation de mauvaises nouvelles économiques, bon nombre de Canadiens ont voulu profiter des très faibles taux d'intérêt pour acheter une propriété. Et comme la hausse des ventes a dépassé les inscriptions, les prix ont grimpé.

En août, les ventes résidentielles nationales ont augmenté de 18,5% par rapport à l'année précédente, selon l'Association canadienne de l'immeuble. Les prix ont augmenté de 11,3%.

«La question clé est de savoir si l'environnement de bas taux d'intérêt est en train de créer un déséquilibre économique qui requiert un réajustement de la politique monétaire», demandent les auteurs. En d'autres mots, est-ce que la Banque du Canada devra contrer la formation d'une bulle immobilière?

À cette interrogation, la banque centrale australienne a répondu par l'affirmative plus tôt cette semaine. Elle a remonté ses taux en invoquant la forte croissance du crédit immobilier et les prix des maisons.

Pour l'instant, la Banque du Canada considère toujours que la vigueur du marché de la revente est temporaire. À court terme, elle ne devrait donc pas suivre l'exemple australien.

Les économistes de la TD prévoient aussi que la croissance du nombre de transactions va ralentir - beaucoup de gens qui ont retardé leur achat pendant la crise sont allés de l'avant dans les derniers mois - et que la hausse des prix ne sera pas excessive.

Mais il y a toujours un risque que l'immobilier ne ralentisse pas. Les taux très bas pourraient attirer encore davantage d'acheteurs et la spéculation pourrait gagner de l'influence, notent les auteurs du rapport. Dans ce cas, «il y a un risque significatif» que la Banque hausse ses taux pour freiner les ardeurs du marché immobilier. Et elle pourrait le faire même si l'inflation est encore sous la cible qu'elle s'est fixée.