Le rattrapage du terrain perdu par la récession s'étirera jusqu'en 2011 aux États-Unis et dans plusieurs provinces canadiennes. Ce devait être chose faite dans le courant de l'an prochain pour le Québec, le Manitoba et quelques provinces atlantiques.

Ces dernières devront relever néanmoins tout autant quelques défis car le marché américain n'offre plus les mêmes perspectives qu'à l'entrée en vigueur de l'Accord de libre échange, en 1989.

«Si on exclut l'énergie, les exportations de la zone euro aux États-Unis sont plus importantes que celles du Canada, faisait remarquer Warren Jestin, économiste en chef de Banque Scotia, de passage hier à ses bureaux montréalais, rue Sherbrooke ouest. Le monde devient plus complexe pour le Canada.»

La poussée de croissance venant d'Asie continuera de soutenir les prix de plusieurs produits de base dont ceux de l'énergie. D'autant plus que la Chine investit maintenant directement dans les entreprises canadiennes productrices d'énergie, y compris les sables bitumineux, ou de produits de base.

Cela aura pour effet de doper le huard. Le Canada ne peut de toute façon fixer la valeur de sa monnaie, il doit plutôt apprendre à vivre avec, même si ça signifie de nouvelles difficultés pour les manufacturiers exportateurs qui ne pourront plus autant compter sur l'appétit insatiable du consommateur américain.

En revanche, une monnaie forte augmente le pouvoir d'achat des Canadiens car la valeur des biens que nous exportons augmente plus vite que celle de ceux que nous importons.

Au sud de la frontière, ce sera l'inverse. Cela aggravera la situation financière des ménages et des entreprises tributaires des produits de base. Les États-Unis ne font d'ailleurs pas face uniquement à une crise de l'emploi, de l'habitation encore en phase de stabilisation, ni à un déficit budgétaire abyssal. Le vieillissement de la population les guette aussi, tout comme l'explosion des coûts de soins de santé, quelle que soit l'issue de la réforme proposée par le président Barack Obama.

Voilà pourquoi les indicateurs économiques enverront des signaux contradictoires jusqu'au printemps, pense M. Jestin. Les bonnes ou moins mauvaises nouvelles prenant le pas petit à petit sur les grandes déceptions à compter de mai et jusqu'en 2011 où commencera enfin l'expansion du présent cycle.

Mais elle sera lente cette fois-ci ce qui rendra plus nécessaire l'amélioration de la productivité de nos entreprises pour conquérir d'autres marchés. Cela exigera plusieurs années d'efforts et d'investissements avant de porter fruit, admet M. Jestin.