Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a laissé entendre samedi qu'il souhaitait élargir son mandat au-delà de sa fonction de «policier de l'inflation» du pays afin prévenir d'autres crises financières.

M. Carney a prononcé un discours samedi devant des décideurs politiques de partout dans le monde réunis en un symposium organisé par la Banque fédérale de réserve de Kansas City à Jackson Hole au Wyoming. Il y a livré ses impressions sur la crise économique et financière.

Le gouverneur de la Banque du Canada a mis en garde ses homologues contre le danger de miser uniquement sur l'inflation. Selon lui, il est utile de le faire mais cela n'est pas suffisant pour éviter d'autres crises.

Les dirigeants de banques centrales auraient même trop bien fait leur travail en contrôlant l'inflation sur une trop longue période de temps. Cela a permis, selon lui, de donner aux cowboys de Wall Street un faux sentiment de sécurité que les a amenés à prendre des risques qui se sont avérés désastreux.

«Il est de plus en plus admis que la stabilité des prix n'est pas garante de la stabilité financière», peut-on lire dans le texte relatant les propos du gouverneur transmis aux médias.

«Comme cela vient de nous être chèrement rappelé, un taux d'inflation bas, stable et prévisible ainsi qu'une faible variabilité de l'activité (...) peuvent engendrer un excès de confiance chez les participants aux marchés financiers, qui sont alors portés à prendre des risques en fonction du nouvel équilibre perçu», poursuit-il.

Afin de prévenir de tels abus, M. Carney a affirmé que les dirigeants de banques centrales devraient avoir la liberté d'utiliser la politique monétaire, ainsi que l'inflation, pour réguler les marchés financiers. A l'heure actuelle, une entente entre le gouvernement et la Banque du Canada restreint cette dernière à n'utiliser que l'inflation.

M. Carney a également laissé entendre qu'il avait été frustré de voir que les banques centrales avaient correctement joué leur rôle mais que cela n'avait pas été suffisant pour prévenir la pire crise économique depuis la Seconde guerre mondiale.

L'énoncé du gouverneur de la Banque du Canada ne fait pas mention de l'économie canadienne mais ce dernier avait néanmoins déjà annoncé qu'il prévoyait un retour à la croissance au pays au cours du présent troisième trimestre.

Il suggère plutôt quelques pistes afin de répéter la mauvaise expérience économique vécue cette année. Selon lui, cela passe, en premier lieu, par une meilleure régulation des marchés financiers. De plus, les banques centrales devraient s'assurer que les marchés financiers ne perdent pas pied une nouvelle fois. Elles ne devraient pas uniquement émettre des avertissements, croit-il.

Elles pourraient notamment utiliser la politique monétaire -hausser les taux d'intérêts- pour calmer une bulle dans les marchés financiers, et cela, même si cette mesure fait en sorte que la banque rate ses cibles pour l'inflation.

Essentiellement, cela veut dire qu'il faudrait «provoquer une instabilité des prix dans le but de prévenir l'instabilité financière», a-t-il expliqué.

Cela est particulièrement pertinent au Canada puisque l'entente actuelle avec Ottawa pour maintenir l'inflation à deux pour cent expire dans environ 16 mois.

M. Carney est en faveur d'un changement du mandat de la banque qui permettrait l'implantation d'une cible «flexible» après 2011.