Que réduit-on pour économiser en temps de récession? Les conversations au téléphone cellulaire, a constaté Bell (T.BCE) à ses dépens au cours des derniers mois.   

Les clients du conglomérat montréalais ont fortement restreint leur usage du sans-fil pendant le deuxième trimestre, ce qui a contribué à un recul de 4% des profits et de 2% du chiffre d'affaires. Une baisse marquée, qui n'inquiète toutefois pas le président de Bell Mobilité, Wade Oosterman. 

«C'est une raison qui est avant tout économique, a-t-il affirmé à La Presse Affaires. Les revenus d'itinérance ont baissé parce que les gens voyagent moins. Pourquoi voyagent-ils moins? Parce que l'économie est mauvaise. Les gens font aussi plus d'appels pendant les périodes gratuites (le soir et la fin de semaine).»

L'utilisation grandissante du transfert de données - par exemple les courriels et les textos - a permis de contrebalancer en partie le déclin des conversations, a souligné M. Oosterman. Et il se montre optimiste pour les trimestres à venir, grâce au lancement prochain de nouveaux appareils et d'un nouveau réseau sans fil plus puissant.

Le grand patron de Bell Canada Entreprises, George Cope, a lui aussi fait preuve d'un élan d'enthousiasme, hier. Malgré la baisse enregistrée au deuxième trimestre, BCE a relevé ses prévisions pour le reste de l'exercice financier.

Le groupe s'attend ainsi à voir son chiffre d'affaires grimper de 1 à 2% d'ici à la fin de l'année, alors qu'il anticipait une croissance nulle en février dernier. BCE table sur une hausse similaire - et inattendue - de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA), et sur une progression de 7 à 11% du bénéfice par action.

«Cela reflète principalement les progrès substantiels que nous avons faits dans la réduction de nos coûts», a expliqué Siim Vanalseja, chef des affaires financières, pendant une conférence téléphonique.

La restructuration entamée par BCE l'été dernier, notamment par des licenciements massifs, a permis au groupe d'enregistrer une hausse de 3% de son BAIIA au deuxième trimestre.

Au total, le chiffre d'affaires de BCE a décliné de 2,1%, à 4,3 milliards de dollars. Les profits ont baissé de 4,2% à 346 millions (0,45$ par action). En excluant certains coûts, le bénéfice par action atteint 0,58$, exactement ce à quoi s'attendaient les analystes sondés par Bloomberg.

Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, s'attendait plutôt à un bénéfice de 0,61$ l'action. Les résultats annoncés hier sont cependant presque conformes à ses attentes, et «marqués par le thème principal de la réduction des coûts». Phillip Huang, de la firme UBS, les juge pour sa part «meilleurs qu'anticipé».

Gains et pertes

L'entreprise a continué à perdre des abonnés en téléphonie résidentielle pendant le trimestre, à un rythme moindre que l'an dernier. Quelque 100 000 ont abandonné l'entreprise, comparativement à 125 000 il y a un an.

Dans le sans-fil, BCE a enregistré 45 000 activations nettes, un recul de 46% par rapport à l'an dernier. Le produit mensuel moyen par abonné - une mesure-clé dans l'industrie - a chuté de 4,1% à 52,05$.

Le nombre de connexions à l'internet haute vitesse a grimpé de 2000, et celles aux services de vidéo par satellite, de 20 000.

Le titre de BCE a très peu réagi à l'annonce des résultats d'hier. Il a grimpé de 0,6% à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 24,81$.

Malgré tout, les actionnaires ont pu se réjouir d'une augmentation de 5% du dividende, hier. Il s'établira à 1,62$ par action.