Corps non réclamés par les familles, cadavres qui s'entassent dans les morgues, enterrements réduits à l'essentiel pour limiter les dépenses... en Californie, les morts et le commerce qui les entoure font aussi les frais de la crise économique.

À Los Angeles, l'Institut médico-légal et la morgue du comté doivent faire face à un augmentation sans précédent du nombre de corps non réclamés par les familles et des crémations qui s'ensuivent.  

«La raison invoquée par les familles est la crise économique», déclare à l'AFP Craig Harvey, directeur des opérations à l'Institut médico-légal de Los Angeles. «Elles nous disent qu'elles n'ont pas les moyens de payer des funérailles», ajoute-t-il.

 

Sur les douze derniers mois, l'Institut médico-légal, qui reçoit les cadavres d'homicides ou de morts douteuses, a dû procéder à 712 crémations, contre 525 les douze mois précédents, soit une augmentation de 36% en un an, selon M. Harvey. À la morgue de la ville, l'augmentation s'établissait à 25%.

 

La crémation intervient environ un mois après le décès, si la famille ne s'est pas manifestée. Les cendres sont ensuite conservées entre deux et trois ans avant d'être dispersées dans une fosse commune.

 

Réclamer un corps à l'Institut médico-légal coûte à la famille 200 dollars, et le retrait des cendres est facturé 352 dollars -- 466 dollars à la morgue.

 

La crise actuelle est loin d'être la seule qu'ait connue la Californie ces trente dernières années, mais Craig Harvey ne se souvient pas avoir connu «une situation comme celle-ci».

 

«Il semble que cette crise frappe un plus grand nombre de personnes» que les précédentes, explique-t-il.

 

De fait, si l'immense majorité des gens qui meurent chaque année aux États-Unis -- 2,4 millions en 2007 -- bénéficient de funérailles en bonne et due forme, les familles rechignent de plus en plus à la dépense.

 

«Nous avons fait une étude auprès de nos membres, en début d'année, et la plupart ont clairement indiqué que les familles faisaient des choix différents en matière de funérailles», observe Jessica Koth, porte-parole de l'Association nationale des entreprises de pompes funèbres (NFDA).

 

Là encore, la «crise économique» est invoquée pour justifier le choix de «cercueils ou d'urnes moins chères», précise Mme Koth à l'AFP.

 

Les familles économisent également sur les fleurs, concentrent les funérailles sur une seule journée -- avec service funèbre et enterrement dans la foulée -- ou se passent de procession, ajoute Mme Koth.

 

Parallèlement, le nombre de familles optant pour la crémation, moins chère que l'inhumation, n'a cessé d'augmenter ces dernières années.

 

En 2007, les incinérations représentaient près de 35% des différents types de funérailles au niveau national, contre 23,6% dix ans plus tôt, selon des chiffres de la NFDA. En Californie, leur proportion dépasse les 50%.

 

Mais «les crémations augmentent chaque années depuis les années soixante», relève Mme Koth. C'est pourquoi, ajoute-t-elle, «il est difficile de dire si l'augmentation à laquelle nous assistons maintenant est due à l'économie».

 

La différence de coûts, quant à elle, est incontestable. Si une crémation est facturée autour de 1 000 dollars, un enterrement revient en moyenne à un plus de 7 300 dollars, dont plus de 3 000 dollars pour un simple cercueil en métal, selon la NFDA.