Les forts rendements boursiers du deuxième trimestre ont entraîné une modeste amélioration des régimes de retraite à prestations déterminées, au deuxième trimestre.

L'écrasante majorité d'entre eux accusaient cependant un déficit de solvabilité au 30 juin. Cela signifie qu'ils seraient incapables de faire face pleinement aux engagements pris à l'endroit de leurs participants actifs ou retraités, advenant leur terminaison. En pareils cas, le promoteur du régime (généralement l'employeur) doit rétablir à ses frais la pleine solvabilité, sauf s'il déclare faillite.

Le rendement indiciel d'une caisse de retraite investie à 45% à titres à revenus fixes (obligations, bons du Trésor) et 55% en actions s'est établi à 5,6% après six mois, selon l'échantillon de Mercer, mais de 6,6%, selon ceux d'Aon et de Morneau-Sobeco.

Cette dernière fait ressortir que de grandes divergences de pondération n'ont pas permis après six mois d'importants écarts de rendement: un portefeuille investi à 60% en actions aurait dégagé une plus-value de 6,5% alors qu'un autre limité à 45% dans les véhicules plus risqués aurait rapporté 6,9%.

L'explication vient du fait que le rendement des actions a été affreux au premier trimestre, mais très fort au deuxième.

Ce rendement ne tient pas compte de toute incidence découlant de la gestion active des placements. Ainsi, plus un gestionnaire aura privilégié les actions canadiennes au deuxième trimestre et plus ses clients ont des chances d'avoir mieux performé. L'indice S&P/TSX a dégagé un rendement de presque 20%, supplantant son cousin américain qui a de plus souffert au Canada de la forte appréciation du huard face au billet vert.

Cette bonne performance reste encore loin de compenser les pertes de l'an dernier qui ont gravement miné la solvabilité des régimes. Pour les participants à un régime à cotisations déterminées ou à accumulation de capital, sur qui repose tout le risque lié à la performance des marchés, ils sont encore loin de s'être remis à flot.

Les rendements après six mois sont jusqu'ici suffisants pour assurer les coûts de services courants des régimes à prestations déterminés (prestations aux retraités, frais d'administration et professionnels) selon Éric Dubé, d'Aon. «Un rendement d'environ 2% était nécessaire pour maintenir le niveau de solvabilité au même niveau qu'au 31 décembre 2008, toutes choses étant par ailleurs égales.»

Une qui ne l'est pas forcément, c'est le niveau des salaires. Toute hausse consentie en 2009 augmente le coût des engagements d'un régime. Cela accroît son passif et pèse sur sa solvabilité.

Voilà pourquoi Aon calcule que le niveau de solvabilité des quelque 400 régimes de son échantillon est passé de 76% à 79% du 31 décembre au 30 juin.

Plus de 9 régimes canadiens sur 10 (93%) sont encore partiellement insolvables, malgré les cotisations supplémentaires que doivent verser les promoteurs pour les renflouer.

Mercer a mis au point un autre outil pour mesurer la santé des régimes. Son ratio actifs-engagements ne tient pas compte des cotisations spéciales des promoteurs.

Sur la stricte base de l'évolution des rendements, qui font fluctuer l'actif, et des taux d'intérêt des obligations canadiennes à long terme, qui font varier le passif, la firme note une amélioration de quelque 10% de son ratio, depuis son creux de 60% enregistré au 31 décembre.

L'insolvabilité des régimes de retraite risque de perdurer, déplore Jean Bergeron, directeur principal chez Morneau Sobeco «à moins que les taux d'intérêt augmentent de façon marquée et que les rendements des actifs soient beaucoup plus élevés que les hypothèses de rendement utilisées pour évaluer les régimes de retraite».

Voilà pourquoi Ottawa, Québec et d'autres capitales provinciales ont adopté des mesures d'exception pour permettre aux promoteurs de régimes de traverser la conjoncture actuelle qui leur est des plus hostiles.

Les ministres des Finances fédéral et provinciaux ont aussi convenu de se réunir l'automne prochain, à la demande de l'Ontario, afin de trouver des solutions durables aux problèmes de solvabilité des régimes.