La publicité vidéo est en pleine croissance sur le web, tant et si bien que Radio-Canada affiche complet: tous les espaces publicitaires de la section vidéo du site web de la SRC sont comblés à court terme.

«La publicité vidéo sur le web est le sujet hot chez les annonceurs», soutient Olivier Soussy, directeur des ventes Internet du service commercial de Radio-Canada.

«C'est la catégorie de publicité interactive en plus forte croissance depuis un an», confirme Samuel Parent, directeur régional (Québec) du Bureau de la publicité interactive du Canada (BPI) et directeur général Internet de Corus-Québec.

En 2007, le BPI n'estimait qu'à 1% seulement la part de la vidéo sur la totalité des revenus publicitaires provenant de l'Internet. Les données de 2008 seront dévoilées à la fin du mois de juillet, mais les projections annonçaient que la catégorie allait prendre deux, voire trois fois plus d'importance.

À Radio-Canada, on sent ce mouvement, alors que la console audio-vidéo génère des revenus publicitaires en hausse de 50% d'année en année. Un annonceur doit maintenant se prendre trois mois à l'avance pour obtenir un espace.

Pierre Delagrave, président de Cossette Média, estime que la tendance pointe vers un transfert de 5 à 10% des budgets de publicité télévisée des annonceurs vers la vidéo sur le web.

Plus cher que la télé

Pourtant, le coût d'une publicité web est, comme aux États-Unis (voir autre texte), proportionnellement plus élevé qu'une publicité télé.

Selon les différentes personnes contactées par La Presse Affaires, les coûts de placement média d'une publicité vidéo sur le web varient entre 35 et 50$ pour chaque 1000 spectateurs au Québec, contre 15 à 25$ à la télévision.

Question de modèle, dit Philippe Le Roux, président de l'agence Internet VDL2. «Si Radio-Canada ne diffusait qu'une seule publicité à la télé pendant Tout le monde en parle, ce serait beaucoup plus cher.»

«Mais à la télévision traditionnelle, il y a beaucoup d'annonces, et l'annonce achète un espace parmi d'autres», explique-t-il. Les publicités sont diluées.

Sur le web, il n'y a souvent qu'une seule courte vidéo, généralement présentée avant une sélection vidéo de l'utilisateur.

C'est pourquoi les publicitaires assurent que l'impact d'une publicité web n'est pas du même ordre.

Selon Jean-Charles Rocha, vice-président directeur média chez Touché! PHD, la télévision peut perdre entre 20 et 40% de ses téléspectateurs lors des pauses publicitaires de trois minutes.

Sur l'Internet, l'auditeur est plus captif. Il est bien prêt à patienter une quinzaine de secondes avant de pouvoir visionner sa sélection.

Et comme il n'y a qu'une seule pub, «le taux de rappel est plus important», note Pierre Delagrave. En d'autres mots, l'auditeur risque de mieux se souvenir de l'annonce.

«L'auditeur sur le web n'a pas le même comportement, et les annonceurs sont prêts à payer des sommes conséquentes», dit Olivier Soussy.

La pub vidéo en ligne sera encore plus efficace quand les outils de ciblage seront encore plus développés.

«On va bientôt pouvoir connaître les habitudes de navigation des internautes et leur envoyer une pub vidéo en conséquence», dit Pierre Delagrave.

Par exemple, un constructeur automobile voudra cibler ceux qui ont consulté des sites de ventes de voiture. «À ce compte-là, même un prix de 100$ par 1000 personnes, c'est pas cher», ajoute M. Delagrave.

Et sur l'Internet, le client n'est toujours qu'à un clic du site officiel de l'annonceur, rappelle Jean-Charles Rocha.

Pas la même portée

Sauf qu'il faut toujours se rappeler que le nombre de spectateurs n'est pas du tout le même.

«Les habitudes d'écoute ne sont pas encore là», dit Olivier Soussy, de Radio-Canada.

«En termes de personnes rejointes, le web n'a pas encore la même portée que la télévision», note Philippe Le Roux.

Et si la pub vidéo gagne du terrain au Québec, elle n'en est pas au même point qu'aux États-Unis.

«Le contenu au Canada est beaucoup moins riche», soutient Jean-Charles Rocha, tout en observant que les réseaux de télé, comme Radio-Canada, TVÀ et RDS, sont assez dynamiques.

De leur côté, les Américains peuvent non seulement consulter le contenu vidéo sur les sites des diffuseurs, mais aussi sur des plate-formes comme Hulu ou tv.com, qui regroupent plusieurs types de contenu sur un même site.