Les ventes des manufacturiers étaient à peu près stables en avril, ayant reculé d'un brin en valeur, mais avancé faiblement en volume.

À hauteur de 41,01 milliards de dollars, elles affichaient un repli de 0,1% indiquait hier Statistique Canada, bien que 16 des 21 industries du secteur manufacturier ont encaissé des reculs. Le sursaut des ventes de matériel de transport aura permis de contenir la faiblesse de la majorité des industries.

Le rebond de l'aéronautique aura été salutaire pour le Québec, dont les ventes ont bondi de 4,7%, la plus forte hausse au pays. La valeur des livraisons est passée de quelque 720 millions à plus de 1,3 milliard. Ce rebond annule complètement la faible performance de mars. Les ventes du secteur demeurent toutefois très volatiles d'un mois à l'autre.

À l'échelle canadienne, le gain de 0,4% des ventes exprimées en volume a surpris les experts, compte tenu de la faiblesse des exportations durant le mois. Le chiffre signifie que la production manufacturière aura contribué pour une rare fois à la croissance.

Toutefois, il n'y a pas de quoi pavoiser. La valeur des nouvelles commandes a plongé de 10,8%, à hauteur de 37,3 milliards seulement. Il s'agit du niveau le plus faible depuis août... 1998.

«La tendance des ventes des manufacturiers reste à la baisse, prévient Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. En outre, l'essentiel des gains dans l'industrie de l'automobile pourrait être effacé en mai par la fermeture temporaire des usines d'assemblage de Chrysler.»

Cela affectera à coup sûr la production, mais pas forcément les ventes de véhicules neufs.

L'agence fédérale nous a aussi appris hier qu'elles n'avaient pas varié de mars à avril à l'échelle canadienne, bien qu'elles aient reculé au Québec et en Ontario. En outre, les données préliminaires indiquent un gain de 1,0% d'avril à mai.

Faute de produire, les entreprises, tant dans l'automobile que dans plusieurs autres industries, poursuivent leur déstockage amorcé en novembre. Du sommet de 68,3 milliards enregistré en octobre, la valeur des stocks s'élevait à 64,8 milliards en avril. Le rapport des ventes aux stocks se situe à 1,58. Cela signifie que les entreprises ont plus d'un mois et demi de production en stocks, un ratio très élevé. En période d'expansion, le niveau se situe plutôt près de 1,25.

«En plus d'être aux prises avec des stocks élevés, les manufacturiers doivent composer avec une monnaie qui se renforce, note Diana Petramala, économiste chez Banque TD Groupe financier. Cela va diminuer la demande extérieure de biens canadiens et amener la demande intérieure à s'orienter vers les biens importés.»

TD, comme quelques autres institutions financières, est d'avis que la parité entre les dollars canadien et américain sera rétablie avant la fin de l'année.