Jeffrey Immelt jure qu'il n'est pas un environnementaliste. «Je n'ai jamais fait de camping de ma vie», dit-il en riant à son auditoire de la Conférence de Montréal.

Le grand patron de General Electric (GE) a beau avoir horreur du camping, on croit parfois entendre un environnementaliste. Et il ne s'en excuse pas. Car l'avenir de son entreprise - celle qui a inventé l'ampoule électrique, le grille-pain et la machine à laver - passera par les technologies vertes.«Dans les années 90, tout le capital de risque allait vers les technologies de l'information, les logiciels, l'internet. Maintenant, beaucoup de cet argent est dirigé dans le secteur de l'efficacité énergétique, pour faire des autos qui consomment moins d'énergie ou pour garder davantage d'énergie à l'intérieur d'une maison», dit Jeffrey Immelt au cours d'une entrevue exclusive à La Presse Affaires.

Grand patron depuis septembre 2001, Jeffrey Immelt est fier d'avoir recentré GE sur sa principale force: l'innovation. «Je crois vraiment qu'il y aura une renaissance dans les technologies vertes, dit-il. Le domaine des sciences de la vie me paraît aussi très prometteur. Je crois qu'on parviendra à vaincre ou du moins à ralentir des maladies comme le cancer, l'alzheimer et le parkinson.»

S'il aime bien se projeter dans l'avenir, Jeffrey Immelt doit aussi voir à court terme - la nature de son travail de PDG l'exige. Et ces temps-ci, pris à jongler entre une crise financière sans précédent et une récession persistante, il ne manque pas de défis immédiats. «L'ampleur de la crise financière nous a pris au dépourvu, concède-t-il. Nous avons dû prendre des mesures rapidement. En même temps, nous avons voulu nous positionner en vue de l'avenir. Nous avons mis l'accent sur les technologies vertes et les soins de santé abordables. Nous avons aussi fait un plan pour accroître les activités de l'entreprise au Moyen-Orient, en Afrique et en Chine, toutes des régions qui continueront connaître de la croissance.»

Sa décision la plus déchirante: réduire le dividende - de 68%! - versé aux actionnaires. Il s'agissait de la première réduction de dividende chez GE depuis... 1938. Cet effort entrepris en février dernier permettra à GE d'épargner 9 milliards US par année. «J'ai perdu beaucoup de sommeil sur cette décision, dit-il. J'ai dû revenir sur ma parole. Mais quand vous êtes PDG, vous avez le choix entre être un inconséquent intelligent ou un imbécile conséquent...»

Si certains actionnaires contestent ces décisions ou font valoir que le titre de GE a perdu 67% de sa valeur sous son règne, personne ne met en doute l'amour que porte cet «inconséquent intelligent» à son entreprise. Car aux yeux de Jeffrey Immelt, GE est bien plus qu'une entreprise: c'est toute sa vie. Enfant, il a vu son père y travailler toute sa vie. Jeune adulte, il y a rencontré sa femme. Homme d'affaires accompli, il a vu GE évoluer, se mondialiser, se féminiser. «Quand j'ai commencé chez GE, nous étions une entreprise typiquement américaine et masculine, dit-il. Il n'y avait pas de femmes! Aujourd'hui, nous sommes une entreprise mondiale, diversifiée et axée plus que jamais sur le développement technologique.»

Jeffrey R. Immelt

PDG et président du conseil d'administration de GE, neuvième dirigeant de l'histoire de GE

53 ans

Né à Cincinnati, en Ohio

Marié à Andrea Immelt, ancienne représentante au service de la clientèle chez GE, et père de Sarah, 23 ans

Bac en mathématiques de Darmouth et MBA de Harvard

Travaille chez GE depuis sa sortie de l'école

Membre du conseil d'administration de la Réserve fédérale de New York

Membre du comité sur la relance économique du président Obama