Fini la croissance moyenne de 32% de l'industrie du jeu vidéo observée depuis trois ans à Montréal. Le secteur continuera à croître, mais à un rythme ralenti.

C'est ce que prévoit une étude publiée hier par l'Association canadienne du logiciel de divertissement (ALD), qui a sondé 247 entreprises du multimédia partout au pays. Selon le document, les effectifs des boîtes montréalaises du jeu vidéo progresseront de 26% en moyenne au cours des trois prochaines années. L'augmentation réelle risque toutefois d'être moindre puisque l'enquête a été réalisée l'été dernier, avant l'effondrement des marchés. «Le chiffre pourrait être plus bas, mais on s'attend tout de même à une croissance dans cette industrie, ce qui est impressionnant quand on regarde l'état du reste de l'économie», fait valoir Danielle LaBossiere Parr, directrice de l'ADL.

 

À l'Alliance numérique, qui regroupe 150 entreprises technos québécoises, le président du conseil, André d'Orsonnens, reconnaît que la crise financière a changé la donne pour plusieurs employeurs. Mais de nombreuses firmes demeurent en mode embauche, ajoute-t-il.

«Pour bien des membres, l'inquiétude reste la même: est-ce que les écoles pourront former assez de main-d'oeuvre pour faire face aux besoins des trois prochaines années? demande-t-il. J'entends beaucoup plus parler de ça que de coupes.»

Étude exhaustive

À l'échelle canadienne, les chefs d'entreprise s'attendaient l'été dernier à une progression annuelle de 29% de leur main-d'oeuvre d'ici trois ans, selon l'étude de l'ADL. C'est plus que le gain réel de 23% réalisé en moyenne au cours des trois dernières années.

Plus de 14 000 personnes travaillent dans le domaine du jeu vidéo au Canada, révèle l'enquête réalisée par la firme de consultants Hickling Arthurs Low, la plus exhaustive jamais faite sur l'industrie du jeu vidéo au pays. Le secteur génère des retombées directes de 1,7 milliard de dollars et des ventes au détail de 2,2 milliards, apprend-on.

La vaste majorité des emplois en jeu vidéo se concentrent dans trois pôles principaux (Vancouver, Montréal et le Grand Toronto) et sept secondaires et 44% des jobs sont en Colombie-Britannique, 37% au Québec et 14% en Ontario. L'Alberta arrive loin derrière avec 3% des postes.

À Montréal, les 4442 travailleurs du jeu vidéo sont répartis dans 43 entreprises. L'octroi de généreux crédit d'impôt par l'État - qui couvrent jusqu'à 37,5% des salaires - a porté ses fruits depuis 1996, incitant notamment Ubisoft à installer un mégastudio dans la métropole en 1997, rappelle l'étude.

«Ces succès ont encouragé plusieurs autres provinces canadiennes à suivre l'exemple du Québec avec leurs propres incitatifs, ce qui a créé un environnement d'affaires hautement compétitif pour cette industrie partout au Canada», souligne le document.

Montréal compte les plus grosses entreprises de jeu vidéo au pays, avec 103 employés en moyenne. Les firmes de la métropole tirent par ailleurs une plus faible proportion de leurs revenus de nouveaux produits que celles de Vancouver et Toronto, souligne l'étude. Cela s'explique par la présence de très grands studios qui conçoivent à Montréal des best-sellers, à la longue durée de vie. Une situation qui «offre plus de stabilité et devrait permettre de maintenir la réputation internationale de Montréal», écrit-on.

Si elle rappelle les succès récents de l'industrie canadienne du jeu vidéo, l'étude de l'ADL met aussi en lumière plusieurs défis que le secteur devra relever pour être concurrentiel.

Parmi les points à améliorer, on trouve l'accès au financement pour les entreprises en démarrage, la protection de la propriété intellectuelle et l'application des lois antipiratage.