Quebecor (T.QBR.B) a perdu patience. Plus d'un an après avoir demandé à Quebecor World (T.IQW) de changer de nom et de logo, Quebecor déposera une poursuite afin de forcer l'imprimeur à cesser d'utiliser le nom et le logo associés à la famille Péladeau, a appris La Presse Affaires.

La requête a été acheminée il y a une dizaine de jours aux avocats de l'imprimeur Quebecor World et au juge de la Cour supérieure Robert Mongeon, qui supervise le processus de faillite de Quebecor World. La requête de Quebecor sera entendue par le juge Mongeon le 16 mars prochain au Palais de justice de Montréal. «Les documents ne sont pas publics pour le moment mais la présentation de la requête aura lieu le 16 mars», confirme Isabelle Dessureault, vice-présidente aux affaires publiques de Quebecor Média.

 

Quebecor tente de se dissocier de Quebecor World depuis que l'imprimeur s'est placé sous la protection de ses créanciers le 21 janvier 2008. Quebecor ne veut plus être associé à l'imprimeur et ses difficultés financières.

Dès le début du processus de restructuration de Quebecor World, le grand patron de Quebecor Pierre Karl Péladeau avait demandé à l'imprimeur de cesser d'utiliser le nom de Quebecor dans son appellation sociale. En décembre, les frères Pierre Karl et Érik Péladeau ont démissionné du conseil d'administration de Quebecor World.

«Il y a encore beaucoup de confusion entre Quebecor et Quebecor World, et c'est pourquoi nous avons intenté cette poursuite, explique Mme Dessureault. Quand Pierre Karl et Érik Péladeau ont décidé de quitter le conseil de Quebecor World, certaines personnes pensaient qu'ils quittaient le holding.»

«Les gens associent souvent à tort le mot World à l'aspect international des activités de Quebecor, mais le mot World a plutôt été ajouté après la fusion de Quebecor et l'imprimeur World Color Press en 1999.»

L'audience devant le juge Mongeon n'est que le dernier épisode d'une série de litiges judiciaires entre Quebecor et Quebecor World depuis que cette dernière société s'est placée sous la protection de ses créanciers en janvier 2008. Les deux entreprises se sont battues devant les tribunaux à la suite de la décision de Quebecor World de rapatrier dans ses propres usines certains de ses contrats octroyés à l'usine de Quebecor à Mirabel. Le président et chef de la direction de Quebecor World, Jacques Mallette, poursuit à son tour Quebecor. Il réclame 1,48 million de dollars pour ne pas avoir touché les options d'achat d'actions auquel il aurait droit (voir autre texte plus bas).

Quebecor détient toujours 23,27% des actions et 75,12% des droits de vote (par le truchement d'actions multivotantes) de Quebecor World. La société n'a pas indiqué qu'elle comptait faire de ses actions de Quebecor World une fois le processus de restructuration devant la cour terminé. Selon l'agence Bloomberg, Pierre-Karl Péladeau est le quatrième actionnaire ordinaire en importance de Quebecor World. Il détient 25 976 actions subalternes, soit 0,02% de l'actionnariat total de l'entreprise.

Quebecor World n'a pas rappelé La Presse Affaires hier à propos de la poursuite de Quebecor visant le retrait de son nom et de son logo.