Le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, a affirmé mercredi dans un discours à Washington qu'il y avait «peu de risque d'une inflation à des niveaux plus élevés que ce qui est acceptable, à court terme».

«Certains observateurs ont exprimé l'inquiétude qu'en accroissant la taille de son bilan, la Réserve fédérale n'alimente au final l'inflation», a relevé M. Bernanke.«À ce stade, avec une une activité économique mondiale et des prix des matières premières à des niveaux bas, nous voyons peu de risque d'une inflation à des niveaux plus élevés que ce qui est acceptable, à court terme. En effet, nous prévoyons que l'inflation soit très basse pendant un certain temps», a-t-il poursuivi.

M. Bernanke est revenu lors de ce discours sur les différentes mesures d'aide aux marchés du crédit, qui ont poussé la Fed à accroître la taille de son bilan de manière exponentielle.

«Sa taille a presque doublé sur l'année écoulée, pour atteindre un peu moins de 2000 milliards de dollars US», a-t-il rappelé.

Il a redit sa conviction, déjà affirmée un mois plus tôt à Londres, qu'«une réduction importante de la taille du bilan [pouvait] être mise en oeuvre relativement rapidement».

Certains économistes ont estimé ces dernières semaines qu'en ayant combattu le risque d'une baisse généralisée de l'activité et des prix en apportant des liquidités en masse, la Fed ait créé trop de monnaie et ainsi couru le risque d'une inflation incontrôlable.

«Les activités de prêt de la Fed ont effectivement abouti à une forte hausse des réserves détenues par les banques, et donc de la masse monétaire dans sa définition la plus étroite, la base monétaire» (monnaie sous formes de pièces et billets, plus réserves des banques), a expliqué M. Bernanke.

«Cependant, les banques choisissent en ce moment de laisser la majeure partie de leurs réserves inutilisées, dans la plupart des cas sur leur compte à la Fed», a-t-il justifié.

M. Bernanke a ajouté que la Fed ne faisait pas courir non plus au pays le risque d'une inflation à long terme.

«À un certain stade, quand les marchés du crédit et l'économie auront commencé à se reprendre, la Réserve fédérale devra modérer la croissance de la masse monétaire (...), revenir sur certains de ses programmes d'aide au crédit, et permettre à la taille de son bilan de baisser», a-t-il concédé.

Mais selon lui, «dans une certaine mesure, cela se fera de manière automatique, les améliorations sur les marchés du crédit devant réduire la nécessité d'utiliser les lignes de crédit de la Fed».

«Là où c'est possible, nous avons essayé de fixer des taux d'intérêt et des conditions aux prêts à des niveaux qui seront probablement de moins en moins attirants pour les emprunteurs, quand les conditions financières reviendront à la normale», a affirmé le président de la banque centrale.

Selon les derniers chiffres disponibles, l'indice des prix liés aux dépenses de consommation des ménages (PCE) hors alimentation et énergie, mesure de référence de l'inflation pour la Fed, a été stable en décembre par rapport au mois précédent, pour le troisième mois consécutif. En glissement annuel, sa hausse a ralenti à 1,7%, après 1,9% en novembre.