«Mes actions de Bell ont beaucoup baissé. Je n'ai pas reçu de dividende pour deux trimestres. Et je vous demanderais, M. Cope, de nous divulguer, s'il vous plaît, avec vos avantages et vos options d'achat d'actions, votre rémunération totale. Merci.»

Elle n'était pas grosse, derrière le micro, cette actionnaire de Bell qui prenait la parole à la première assemblée générale après l'échec du rachat par Teachers'. Un rachat qui devait se traduire par un bon gain en capital pour de nombreux actionnaires.

 

Le ton tout doux de la vieille dame, sans agressivité, n'a pas réussi à émouvoir le nouveau président et chef de la direction de Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]], George Cope. En tout cas, pas assez pour qu'il réponde à sa question.

L'actionnaire de Bell devra attendre la circulaire de la direction pour avoir sa réponse. Le représentant de La Presse Affaires n'a pas été plus chanceux après la rencontre: lui aussi s'est fait dire d'attendre les documents officiels.

Le salaire des dirigeants du géant de la téléphonie a occupé une bonne partie de la période de questions à l'assemblée tenue hier au Palais des congrès de Montréal. «Tout le monde sait ici que la firme qui recommandera de baisser vos salaires, elle n'aura plus de job», a lancé l'un d'eux, sous les applaudissements d'autres actionnaires, en référence aux avis extérieurs que demandent les grandes entreprises avant de décider de la compensation à verser aux dirigeants.

Des actionnaires ont même proposé formellement que la politique de rémunération des hauts dirigeants soit approuvée par les actionnaires. Cette proposition a obtenu 11,6% d'appuis.

Richard Currie, qui quittait son poste de président du conseil, a soutenu que «si les hauts dirigeants du pays n'étaient pas assez payés, ils iraient travailler ailleurs».

M. Currie a aussi vanté, en introduction, le travail de l'ancien chef de la direction, Michael Sabia, qui a «sauvé BCE», selon ses dires.

L'assemblée d'hier, celle de l'année 2008, avait été reportée en raison de l'offre d'achat de la plus importante entreprise de télécommunications du pays par Teachers', pour une somme de 52 milliards de dollars, ou 42,75$ par action.

Depuis que l'offre ne tient plus, le titre s'est échangé à un prix aussi bas que 21,23$ en décembre, comparativement à 25,70$ hier (-42 cents), soit à peu près au même niveau qu'à l'automne 1999.

En plus, dans les mois qui devaient mener à son rachat, BCE a suspendu deux versements de dividendes. Aujourd'hui, des actionnaires demandent de recevoir ce qu'ils considèrent comme leur dû. «Je crois que vous devez cet argent aux actionnaires, a dit l'un d'eux, Paul-Émile Champagne. Mon opinion, c'est que s'il n'y avait pas eu d'offre de Teachers', vous ne l'auriez pas coupé.» «J'espère qu'il va y avoir un recours collectif» contre Bell, a-t-il dit par la suite en entrevue.

Une autre avait même une solution toute prête: si BCE gagne son litige contre Teachers' et les 1,2 milliard de pénalités pour non-conclusion de la vente, c'est «un cadeau que vous pourriez donner à vos petits actionnaires», a suggéré Lise Ouellette.

Les dirigeants sont restés sur leurs positions: les dividendes des trimestres passés ne seront pas versés. Par contre, l'entreprise a annoncé une hausse de 5% de son dividende et le rachat d'un maximum de 40 millions d'actions.

Retour d'Inde

Bell a aussi annoncé le rapatriement de travail actuellement effectué en Inde. L'entreprise se dit insatisfaite de certains services d'assistance technique de haut niveau offerts de l'autre bout du monde. Résultats: un million d'appels qui étaient traités là-bas le seront maintenant en Amérique du Nord, certains chez Bell, d'autres chez un fournisseur.

CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]]? George Cope n'a pas voulu le nommer.

Sous la houlette de M. Cope, depuis juillet, BCE a procédé au licenciement de 3500 personnes. Quand on lui demande s'il y a d'autres compressions qui s'en viennent, compte tenu du ralentissement économique, il souligne qu'il n'a pas d'annonces à faire actuellement.