Le premier ministre Jean Charest a quitté Davos hier avec l'assurance que le nouveau président de l'Union européenne appuiera et fera avancer le projet de partenariat économique avec le Canada. Et, selon lui, la tentative de relance des négociations de l'Organisation mondiale du commerce sur la libéralisation des échanges internationaux ne mettra pas en péril les pourparlers avec l'Europe des 27.

Jean Charest a rencontré le président de la République tchèque, Vaclav Klaus, qui est à la tête de l'Union européenne jusqu'au 1er juillet. Il a succédé en début d'année au président français, Nicolas Sarkozy, celui qui a ouvert la porte l'automne dernier à un partenariat économique avec le Canada.

 

«Tout semble bien aligné. M. Klaus a pris le relais, et il appuie le projet», s'est réjoui M. Charest au cours d'un point de presse, tout juste avant de s'envoler pour Paris.

Les pourparlers sont toutefois encore embryonnaires. Les émissaires canadiens et européens sont toujours en train de définir l'étendue des négociations et la portée d'un éventuel accord.

Selon Jean Charest, cette démarche devrait être achevée en mai, à temps pour le prochain sommet Canada-Union européenne. Le ministre fédéral du Commerce international, Stockwell Day, croit lui aussi que cet échéancier est réaliste. Les véritables négociations seraient lancées ensuite, si les parties s'entendent.

L'automne dernier, lors du premier sommet Canada-UE, à Québec, les parties ont convenu de conclure un «partenariat économique renforcé, ambitieux et équilibré» et d'entamer les négociations le plus tôt possible en 2009.

«La décision est prise de faire un accord. Maintenant, on est à l'étape de la définition du contenu, des sujets qui seront négociés. Et nous, on veut que ce soit le plus large possible», a expliqué Jean Charest.

Le premier ministre a pu confirmer que la mobilité de la main-d'oeuvre fera partie des négociations. Les parties pourraient reprendre le modèle de l'entente intervenue entre Paris et Québec sur cette question.

«Nous voulons une négociation la plus large possible, quitte à ce qu'à la fin il y ait des sujets sur lesquels on ne peut pas s'entendre, a affirmé M. Charest. Par exemple, nous savons que l'agriculture est un sujet qui est très lié aux négociations de l'OMC. Donc la possibilité qu'on puisse régler la question de l'agriculture entre le Canada et l'Union européenne n'est pas très élevée.»

Jean Charest reste très ambitieux. Il souhaite une entente «qui va beaucoup plus loin que tout ce qui a été fait auparavant».

Relance de Doha?

Hier, au Forum économique mondial de Davos, les ministres du Commerce d'une vingtaine de pays se sont engagés à lever cette année les obstacles qui bloquent depuis des mois les négociations commerciales du cycle de Doha, menées sous l'égide de l'OMC. Ils se rencontreront de nouveau pour discuter du sujet avant la réunion du G20, le 2 avril à Londres. Stockwell Day s'est dit très optimiste.

Jean Charest ne croit pas qu'une relance de Doha puisse compromettre les négociations entre le Canada et l'Union européenne. Les Européens «sont capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps», a-t-il lancé.

«Une fois que la machine est en marche, que les décisions sont prises, les gens vont faire le travail qu'ils ont à faire. Et même si Doha était relancé, son sort demeure incertain», a-t-il affirmé. Selon lui, les Européens «ne sont pas en appétit pour reprendre la ronde de Doha». Quelques heures plus tard, les ministres européens ont convenu avec leurs collègues d'un peu partout sur la planète de débloquer les négociations de Doha.

Au terme de son périple à Davos, le patron de la Société générale de financement, Pierre Shedleur, s'est dit rassuré par le fait que les leaders politiques rejettent le protectionnisme. Mais il s'attend tout de même à ce que des gouvernements, malgré ces discours, y aient recours «un petit peu» en raison de la pression populaire.

Jean Charest a conclu sa mission à Davos en participant à un atelier sur les changements climatiques et la conférence des Nations unies qui se tiendra à Copenhague en 2009. Une cinquantaine de personnes figuraient parmi les invités, dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, l'ex-premier ministre britannique Tony Blair et l'ancien vice-président américain et gourou écologiste Al Gore. Demain, à Paris, Jean Charest recevra les insignes de commandeur de la Légion d'honneur des mains du président Nicolas Sarkozy. Il rencontrera également le maire de Paris, Bertrand Delanoë.