«C'est un coup de massue. Mais un coup de massue auquel on s'attendait», a confié Richard Savage, employé de Rio Tinto Alcan rencontré en après-midi.

«C'est un coup de massue. Mais un coup de massue auquel on s'attendait», a confié Richard Savage, employé de Rio Tinto Alcan rencontré en après-midi.

Son avis semblait partagé, hier, parmi les syndiqués de l'usine d'électrolyse de Beauharnois, qui fermera ses portes en juin prochain. L'établissement fournissait du travail à 220 personnes.

Le syndicat s'attendait à ce que l'usine ferme depuis plusieurs années. La technologie utilisée pour fabriquer l'aluminium (par cuves Söderberg) est polluante. Québec veut d'ailleurs l'éliminer de toutes ses usines d'ici 2015.

En 2006, Rio Tinto Alcan prévoyait la fermeture pour fin 2011 ou 2012, a souligné Bernard Mallet, président du syndicat des employés.

«On perd donc nos emplois plus tôt qu'on le croyait, a dit M. Mallet. Mais il y a tout de même une lueur d'espoir.»

Cette lueur, c'est l'engagement de la direction à respecter la convention collective, qui assure une sécurité d'emplois aux employés permanents de l'usine.

«Ça veut dire que les trois quarts des employés auront le choix d'être transférés ailleurs au Québec», a dit Bernard Mallet. L'entreprise exploite des usines à Alma, Jonquière et Shawinigan, entre autres.

Hier, la perspective de déménager dès cette année ne plaisait pas à tous. «Je suis née ici. Je n'ai pas envie d'aller vivre au Saguenay-Lac-Saint-Jean», a soupiré Joanne Chalifour, secrétaire à la clinique d'optométrie de Beauharnois et femme d'un employé d'Alcan.

Une fermeture de plus

Selon le syndicat, toutefois, les 47 sous-traitants de l'usine de Beauharnois perdront leur emploi d'ici deux semaines.

Martin, 40 ans, est de ceux-là. Cet employé d'un des sous-traitants rencontré hier après-midi venait de terminer son dernier quart à l'usine, où il avait été embauché il y a à peine quatre mois.

«J'ai travaillé 20 ans pour Goodyear avant que l'usine de Valleyfield ferme, l'an dernier. Pour mois, ce n'est pas un si gros choc.»

La Montérégie a été fortement touchée par les fermetures d'usine au cours des trois dernières années. En 2007, Goodyear a supprimé quelque 800 emplois dans sa fabrique de Valleyfield. À Candiac, le fabricant d'isolant Owens Corning a mis à pied 100 personnes.

L'année d'avant, l'entreprise textile Gildan a fermé son usine de fabrication de Valleyfield. Environ 155 employés ont perdu leur emploi. «Pour les commerçants, la fermeture hâtive de l'usine d'Alcan est une autre mauvaise nouvelle», s'est désolé Erik Faubert, président de la chambre de commerce de la région de Salaberry-de-Valleyfield. La masse salariale de l'usine dépassait les 10 millions de dollars, selon le syndicat.

L'ambiance était morose, hier, dans la rue principale de Beauharnois. Les commerçants interrogés n'avaient pas ressenti les contrecoups de la fermeture de l'usine Goodyear, mais ils craignent d'être moins chanceux cette fois-ci.

«Les employés seront transférés loin d'ici, a souligné Josée Caza, opticienne. Ce n'est pas encourageant pour nous.»