Bombardier (T.BBD.B) n'a aucune intention de rompre ses liens d'affaires avec la firme indienne Satyam Computer Services, dont les malversations financières révélées hier ont été qualifiées «d'Enron indien» par les milieux financiers.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] n'a aucune intention de rompre ses liens d'affaires avec la firme indienne Satyam Computer Services, dont les malversations financières révélées hier ont été qualifiées «d'Enron indien» par les milieux financiers.

Ramalinga Raju, président de la société de services informatiques de Hyderabad, a admis avoir gonflé pendant des années les profits et les revenus de Satyam. L'homme de 54 ans a démissionné sur-le-champ et s'est dit prêt à affronter la justice indienne.

Cet aveu a jeté une vague de consternation parmi les investisseurs et clients du groupe (qui incluent le tiers des entreprises cotées au palmarès Fortune 500). Le groupe Merrill Lynch a même déchiré un contrat signé 10 jours plus tôt avec Satyam.

Bombardier, qui fait affaire avec Satyam depuis 2005, maintient cependant toute sa confiance dans l'entreprise indienne. «Pour nous, c'est business as usual», a dit Marc Duchesne, porte-parole de Bombardier Aéronautique, pendant un entretien avec La Presse Affaires.

Satyam, qui a une filiale consacrée à la défense et l'aéronautique, réalise divers travaux d'ingénierie en sous-traitance pour Bombardier. Une équipe de 160 personnes se consacre exclusivement aux projets de l'avionneur montréalais, a dit M. Duchesne. Ces travailleurs font «toutes sortes d'analyses, toutes sortes de codages, de la conception de différents outils et composantes sur différents avions», a-t-il expliqué.

Malgré l'ampleur du scandale financier révélé hier, Bombardier dit ne pas douter de la qualité des mandats réalisés chez Satyam. «Le travail est toujours fait à notre satisfaction et c'est ce qui compte», a dit Marc Duchesne, qui a refusé de quantifier la valeur des contrats accordés depuis 2005.

Bombardier demeurera «en contact» avec Satyam, a souligné le porte-parole.

Banque Scotia

Au moins une autre société canadienne d'envergure, la Banque Scotia [[|ticker sym='T.BNS'|]], fait affaire avec Satyam. Le travail est effectué «sur une base de contrat à contrat», a indiqué Ann DeRabbie, directrice des relations publiques. Elle a refusé de dire si l'institution allait maintenir ses liens avec son sous-traitant indien à la suite du scandale.

Satyam Computer Services, fondée en 1987, compte près de 53 000 employés en Inde et ailleurs dans le monde. C'est le quatrième fournisseur de services informatiques en Inde, derrière les géants Infosys, Wipro et Tata Consultancy Services.

La chute a été vertigineuse hier pour l'action de Satyam, qui a perdu 78% de sa valeur à la Bourse de Bombay. L'atterrissage a aussi été brutal pour Ramalinga Raju, qui avait été nommé entrepreneur de l'année en 2007 par Ernst&Young.

L'homme d'affaires déchu a admis que 94% des liquidités inscrites aux livres du groupe -l'équivalent de 1,03 milliard US- étaient fictives. Il a aussi avoué avoir surestimé les sommes dues à l'entreprise, sous-estimé les dettes, en plus d'inventer de toutes pièces des revenus d'intérêt.

Dans sa lettre de démission remise hier au conseil d'administration (et publiée sur le site du Times of India), M. Raju a indiqué que la fraude avait commencé il y a plusieurs années par de tout petits écarts entre les vrais résultats et la réalité. La croissance fulgurante du groupe a rendu le stratagème de plus en plus difficile à camoufler. «C'était comme chevaucher un tigre sans savoir comment en descendre, de peur d'être mangé», a-t-il écrit.

Le dirigeant a fait une ultime tentative le mois dernier en vue de régulariser les livres de la société. Il a alors tenté d'acheter pour 1,6 milliard US deux entreprises appartenant à ses fils, Maytas Properties et Maytas Infrastructure, afin de «remplacer des avoirs imaginaires par des vrais». Cette transaction avortée a entraîné la démission de quatre des 10 membres du conseil d'administration -et le début de la fin pour Raju.

L'ampleur de la fraude laisse planer des heures sombres sur l'industrie indienne des services informatiques, évaluée à 50 milliards US, qui est déjà amochée par la crise économique mondiale et la hausse des salaires des ingénieurs locaux. Par extension, pour toute l'économie indienne pourrait souffrir.

«C'est inquiétant et perturbant, comme un coup de poing qui vous laisse inconscient», a dit à l'Agence France-Presse Bharat Iyer, expert de la banque JP Morgan.

La saga est loin d'être terminée. Un cabinet d'avocats de Boca Raton, en Floride, a déjà entrepris hier des démarches de recours collectif contre Satyam et ses plus hauts dirigeants.

Satyam, véritable conglomérat, a inauguré en 2004 un centre de développement à Mississauga, en banlieue de Toronto.