Prévoyant il y a trois mois que le Canada éviterait la récession, le Conference Board change son fusil d'épaule. Entraîné par la culbute de l'économie américaine, le Canada devrait bel et bien voir son PIB reculer de 0,5% en 2009, lit-on dans la Note de conjoncture canadienne publiée hier.

Prévoyant il y a trois mois que le Canada éviterait la récession, le Conference Board change son fusil d'épaule. Entraîné par la culbute de l'économie américaine, le Canada devrait bel et bien voir son PIB reculer de 0,5% en 2009, lit-on dans la Note de conjoncture canadienne publiée hier.

Dans la précédente édition de ce rapport, en octobre, l'institut de recherche anticipait une croissance économique de 1,5% pour l'année.

«Le choc sur le commerce extérieur et les exportations était déjà là, mais c'est plus fort qu'on pensait en raison d'un consommateur américain beaucoup plus faible», a expliqué à 'La Presse Affaires le directeur des prévisions nationales et provinciales du Conference Board, Pedro Antunes.

Mais selon M. Antunes, c'est véritablement la demande intérieure qui va faire la différence.

Il y a trois mois, le Conference Board envisageait une petite remontée des prix des matières premières. Ce n'est plus à l'ordre du jour, du moins pas à court terme. Et l'économie canadienne, fortement tributaire des prix des ressources et de l'énergie, en souffre.

Cela se traduit par moins de revenus au pays et, par conséquent, une plus faible demande intérieure, notamment en ce qui concerne les investissements.

M. Antunes évoque aussi un «choc de confiance» qui a frappé le pays. «Les effets psychologiques se traduisent beaucoup plus dans l'économie réelle qu'on ne le pensait auparavant», précise-t-il.

Selon le Conference Board, il faut donc s'attendre, après la contraction du quatrième trimestre de 2008, à une autre contraction de l'économie pour la première moitié de 2009.

Les mesures fiscales attendues dans le budget fédéral à la fin du moins, jumelées à une très faible inflation, vont tout de même permettre aux dépenses de consommation d'augmenter de 1,7%. Mais c'est trop peu pour empêcher la récession.

La hausse des dépenses gouvernementales, en même temps qu'une baisse des revenus, entraînera le gouvernement fédéral et les provinces (prises en tant que tout) à des déficits «difficiles à corriger, même dans une période de cinq ans», lit-on dans le rapport.

Le Québec ne sera pas la province la plus affectée. L'important déclin de la valeur des redevances pour les ressources énergétiques ne touchera pas la province, et son secteur manufacturier reste plus diversifié que son voisin ontarien, très concentré dans l'automobile.

Le Board prévoit la fin de la récession dans la deuxième moitié de 2009, alors que les marchés d'exportation les plus importants des États-Unis devraient entamer une relance. L'année 2010 devrait marquer le retour à la croissance (3,6%).

Par ailleurs, dans une étude publiée hier par BMO Marchés des Capitaux, l'économiste Robert Kavcic prévoit un recul de 1,3% du PIB canadien en 2009. Selon BMO, l'Ontario, le Québec, l'Alberta, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse connaîtront une décroissance.

La Banque du Canada publiera ses prévisions trimestrielles et annuelles la semaine prochaine.

Prévisions du Conference Board pour 2009

0,5%: Baisse du PIB

8%: Taux de chômage à la fin de l'année

13 milliards: Baisse du revenu du gouvernement fédéral

17,8 milliards: Déficit global des provinces (au lieu d'un surplus de 3 milliards en 2008)

91 000: Pertes d'emplois dans le secteur manufacturier