L'accord entre les constructeurs automobiles italien Fiat et américain Chrysler en vue de former une alliance stratégique relance les conjectures sur les concentrations dans un secteur touché de plein fouet par la crise économique et financière.

L'accord entre les constructeurs automobiles italien Fiat et américain Chrysler en vue de former une alliance stratégique relance les conjectures sur les concentrations dans un secteur touché de plein fouet par la crise économique et financière.

Les analystes du secteur mettent en avant le fait que Fiat n'aura pas à débourser d'argent en échange d'une participation de 35% dans le groupe américain qui de son côté aura accès à la technologie de Fiat.

«L'accord Fiat-Chrysler est assez singulier car sans sortie de liquidités», souligne ainsi Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes SFAC. «Cela montre bien que les principaux acteurs de la filière n'ont pas intérêt à court terme à sortir du cash car ils en ont besoin» pour faire face à la crise actuelle, ajoute-t-il.

Mais d'autres opérations sont envisagées dans la période actuelle, rappelle Mark Fulthorpe, analyste automobile de CSM Woldwide, en mentionnant les possibles ventes des constructeurs suédois Volvo et Saab par leurs maisons-mères Ford et General Motors.

L'opération Fiat-Chrysler n'écarte pas la possibilité que d'autres intervenants puissent acquérir certaines marques du groupe Chrysler comme Jeep cette fois contre des espèces, ajoute-t-il.

Reste que pour Yann Lacroix, «la grande question pour les dirigeants du secteur, c'est l'activité dans les mois à venir» car «c'est ce qui prévaut aujourd'hui plus que d'envisager des partenariats».

«Le contexte est difficile, il y a beaucoup de choses à gérer en interne avant de se consacrer à autre chose», note aussi Emmanuel Bulle, analyste automobile de l'agence de notation Fitch, qui ne pense pas qu'une recrudescence d'acquisitions soit à attendre à très court terme.

En outre, depuis cinq ou six ans, des «alliances spécifiques» entre constructeurs, à caractère technologique et visant au développement commun de voitures ou de moteurs, «ont pris le relais des grandes fusions-acquisitions», observe-t-il.

«C'est un modèle qui fonctionne et on pourrait en voir d'autres», poursuit Emmanuel Bulle, qui estime qu'il y a «une réserve d'alliances technologiques pouvant être signées à court terme, dans les deux ans qui viennent».

«Les réserves de liquidités sont vitales», en particulier dans le contexte de crise actuelle, confirme Mark Fulthorpe. Il est «beaucoup plus efficace» pour les constructeurs de «partager la charge financière et les risques» de projets technologiques ou de production.

«On est davantage aujourd'hui dans le cadre de partenariat de développement pour partager des coûts», juge aussi Yann Lacroix, sans exclure «dans un deuxième temps éventuellement un échange d'actions, à condition qu'il y ait une vraie complémentarité géographique ou de produits» entre les constructeurs partenaires.

Mais Mark Fulthorpe n'exclut pas que des grandes alliances continuent à se préparer de façon «souterraine».

Pour lui, d'autres dirigeants du secteur pourraient bien «faire les mêmes réflexions» que Sergio Marchionne, le patron de Fiat, sur la nécessité de grandir pour atteindre une taille critique.

M. Marchionne avait expliqué en décembre qu'un grand groupe devait atteindre une production annuelle de 5,5 à 6 millions de véhicules pour tenir dans la compétition mondiale, évoquant la possibilité de «se rapprocher» d'autres.