Le dossier du TGV Québec-Windsor, que Jean Charest destinait à la voie rapide voici 12 mois, n'a même pas quitté la gare cette année.

Le dossier du TGV Québec-Windsor, que Jean Charest destinait à la voie rapide voici 12 mois, n'a même pas quitté la gare cette année.

En janvier 2008, le premier ministre du Québec avait promis que la mise à jour des études sur le train à grande vitesse serait rendue publique dans un délai d'un an. Un an plus tard, la première ligne du rapport n'est pas encore écrite. Pire, les études ne sont pas commencées.

Le premier ministre Charest et son homologue ontarien, Dalton McGuinty, ont relancé le projet d'un TGV entre leurs deux provinces au cours d'une conférence de presse commune tenue le 10 janvier 2008 au Château Laurier, à Ottawa.

«On se donne un délai d'un an pour terminer les études. Nous allons revenir au bout d'un an avec, espérons-le, un projet mobilisateur pour les Québécois et les Canadiens», avait alors déclaré M. Charest. Le premier ministre McGuinty avait aussi parlé d'un délai «d'environ un an» afin de connaître les conclusions des nouvelles études.

Un an plus tard, le nom de la firme qui effectuera la mise à jour des études n'a pas été dévoilé. Un appel d'offres a eu lieu de juillet à octobre, et l'annonce de la firme qui a remporté l'appel d'offres aura lieu au début de février. Elle aura un maximum de 12 mois afin de réaliser son mandat. Les différents intervenants au dossier ont été avertis que le rapport serait déposé vers la fin de 2009, soit deux ans après l'annonce de la relance du projet et non un an comme l'avait précisé au départ les premiers ministres Charest et McGuinty.

Le cabinet du premier ministre Charest refuse toutefois de parler d'un retard dans la mise à jour des études. «Nous ne dirions pas qu'il y a eu un retard, dit son attaché de presse, Hugo D'Amours. Les premiers ministres savaient que ça prendrait un an à mettre à jour les études, mais il y a tout un processus qui vient avec ça. Les gouvernements ne voulaient pas attribuer le contrat comme ça au premier venu. Il y a eu un appel d'offres. Nous voulions faire les choses correctement.»

L'opposition pensait que les études étaient en cours

Les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale ont été étonnés d'apprendre par La Presse que la mise à jour des études sur le TGV Québec-Windsor n'était pas encore commencée.

«Vous me l'apprenez, dit la députée Agnès Maltais, responsable du dossier au Parti québécois. Je suis extrêmement surprise car c'est le dossier économique prioritaire de la région de Québec depuis deux ans. J'étais convaincue que les études étaient en cours. On se fiait à ce que le premier ministre a dit (en janvier 2008). Une déclaration du premier ministre, on s'y fie. Surtout que le premier ministre s'est désigné ministre responsable de la région de Québec après le départ de Philippe Couillard en juillet.»

«En coulisse, on comprenait qu'il y avait quelques mois de retard, maximum au début de l'été, mais on pensait que les études étaient en cours, dit le député adéquiste Éric Caire. Vous m'apprenez qu'il n'y a rien de fait même si le premier ministre a dit que c'était une priorité. C'est inexplicable. Le premier ministre est meilleur pour annoncer des projets que pour les livrer.»

Ce retard d'un an est d'autant plus difficile à expliquer pour le gouvernement Charest que le TGV Québec-Windsor est l'un des dossiers fétiches du premier ministre, profondément convaincu de la nécessité d'un tel projet pour l'avenir économique et environnemental du Québec. «Au plan politique, le premier ministre est très commis au projet», dit son attaché de presse Hugo D'Amours.

Au cours de la dernière campagne électorale, le premier ministre Charest a annoncé son intention de relier la ville de Québec au TGV même si les nouvelles études concluaient que le couloir Québec-Montréal n'était pas rentable, comme ce fut le cas lors d'études précédentes.

Retard: à qui la faute?

Le gouvernement fédéral et l'Ontario soutiennent que la gestion de la mise à jour des études a été confiée au Québec. Les trois gouvernements (le fédéral, le Québec et l'Ontario) partageront la facture, évaluée à 2 millions de dollars.

«C'est Québec qui mène le dossier de la mise à jour des études», dit Jane Almeida, attachée de presse du premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty. Même son de cloche du côté du ministre fédéral des Transports, John Baird. «Le Québec est à la tête du processus d'acquisition du rapport et on s'attend à ce que le rapport soit prêt pour la fin de 2009», dit son attaché de presse, Chris Day.

Le gouvernement Charest a une vision différente de son mandat. «Le Québec a le mandat d'assurer les suivis auprès de la firme qui fera l'étude, mais le choix de l'étude s'est fait par chacun des trois partenaires», dit Sylvain Leclerc, attaché de presse de la ministre des Transports, Julie Boulet.

Les premières études sur la construction d'un TGV entre Québec et Windsor ont été réalisées en 1981. En 1995, le coût avait été évalué à 18,3 milliards de dollars par les trois gouvernements.

En tenant seulement compte de l'inflation, le coût serait actuellement de 23,7 milliards. En 2002, VIA Rail avait proposé un projet moins ambitieux évalué à 2,6 milliards qui avait été rejeté un an plus tard par le gouvernement de Paul Martin.

Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance