Le chant des scies rondes s'est fait davantage entendre à la fin de l'année 2008 qu'à la fin de l'année 2007 sur le territoire québécois. Mais les dernières données sur les mises en chantier pointent néanmoins vers une baisse de régime significative des activités de construction au Québec.

Le chant des scies rondes s'est fait davantage entendre à la fin de l'année 2008 qu'à la fin de l'année 2007 sur le territoire québécois. Mais les dernières données sur les mises en chantier pointent néanmoins vers une baisse de régime significative des activités de construction au Québec.

Selon des données préliminaires dévoilées hier par la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL), le nombre des mises en chantier résidentielles dans les villes du Québec est passé de 2668 en décembre 2007 à 2747 en 2008.

Les données du quatrième trimestre font état de 9355 mises en chantier en 2007, contre 10 659 en 2008.

Sauf qu'en observant les données annuelles désaisonnalisées calculées par les grandes banques du pays, on voit que le rythme d'activité a fortement diminué dans le dernier mois de l'année. Le Québec avait tenu le coup en novembre, mais la situation économique l'a rattrapé en décembre.

D'un rythme annuel de 49 100 mises en chantier pour le territoire québécois en novembre, on est tombé à 43 800 en décembre.

«C'est une baisse attendue et une retraite ordonnée», analyse Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale, en entrevue à La Presse Affaires.

«Je préfère cela à un arrêt subit de la construction et des ventes de feu, ajoute-t-il. Ça ne pouvait continuer à raison de 50 000 logements par année.»

Selon l'économiste, il s'agit là du début d'une tendance à la baisse. «En 2009, je serais content de voir 40 000 mises en chantier», dit-il.

Kevin Hughes, économiste principal à la SCHL, se fait plus prudent. «On commence à avoir des indications qui vont dans le sens d'un recul de marché, mais il est trop tôt pour parler de tendance.»

Reste que les indicateurs du marché de la revente, en baisse, laissent présager une diminution de la demande globale, puis un recul sur le marché de la construction, note M. Hughes.

Montréal écope aussi

À Montréal, les mises en chantier ont reculé de 11% en décembre 2008, par rapport à décembre 2007. Tous les secteurs de la grande région métropolitaine en ont pâti, sauf la couronne sud. Et le seul segment de marché à ne pas subir de baisse a été la copropriété (en hausse de près de 23%). Pour l'ensemble de l'année 2008, les mises en chantier ont reculé de 6%.

«Nous sommes dans une situation où il faut éviter la surconstruction, note Marc Pinsonneault. Dans les trois créneaux (propriété absolue, copropriété, location), on est tombé sous le taux d'absorption dans les trois derniers mois. Les logements neufs inoccupés sont en train de diminuer, ce qui n'est pas une mauvaise chose.»

Stabilité au pays

Sur le plan national, la construction est restée stable, à un rythme annualisé de 180 000 mises en chantier en décembre (donnée annuelle désaisonnalisée).

Pour l'année complète, les 212 366 mises en chantier représentent un recul de 7% par rapport à l'année précédente.

«La forte détérioration de la confiance des ménages et le prolongement jusqu'à la mi-2009 de la récession en cours impliquent que la tendance à la baisse des derniers mois se poursuivra durant une bonne partie de 2009, observe Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Ainsi, pour la première fois depuis 2001, le nombre moyen de mises en chantier sera inférieur à 200 000 unités cette année.»

Selon l'économiste, de nouvelles pertes d'emploi sont à prévoir à court terme dans le secteur de la construction.

Selon l'analyse de Pascal Gauthier, de TD, toutes les provinces vont voir les mises en chantier diminuer de plus de 10% en 2009.

Il prévoit un rythme de construction de 140 000 mises en chantier au dernier trimestre de l'année.

Les statistiques de novembre sur les permis de bâtir, publiées hier par Statistique Canada, n'annoncent d'ailleurs rien de bon pour la prochaine année. En novembre, la valeur totale des permis de bâtir délivrés au Québec a chuté de 18,6% par rapport au mois précédent. Dans le secteur résidentiel, la baisse est toutefois légère, à 2,8%.

Sur le plan national, la baisse totale des permis de bâtir est de 11,8%. Dans le secteur résidentiel, la diminution est de 9%. À 2,7 milliards, la valeur des permis résidentiels est à un niveau jamais vu depuis janvier 2005.

À Montréal, la valeur totale des permis de bâtir a reculé de près de 11% en novembre, à 550 millions.