Le ministre des Finances, Jim Flaherty, affirme que le gouvernement fédéral doit enregistrer des déficits pour une courte période de temps afin de relancer l'économie canadienne.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, affirme que le gouvernement fédéral doit enregistrer des déficits pour une courte période de temps afin de relancer l'économie canadienne.

Le grand argentier du pays promet de préciser, dans le budget qu'il déposera à la Chambre des communes le 27 janvier, un plan détaillé qui permettra à Ottawa de rétablir l'équilibre budgétaire une fois la tempête économique passée.

Le budget que déposera M. Flaherty devrait contenir un train de mesures évaluées à 30 milliards de dollars pour donner un coup de pouce à l'économie.

Le budget pourrait aussi contenir un déficit frisant les 40 milliards de dollars uniquement pour l'exercice financier 2009-2010, selon des informations qui ont circulé au cours des derniers jours.

M. Flaherty, qui a tenu des consultations prébudgétaires partout au pays au cours des dernières semaines, a donné ces assurances hier quant au retour de l'équilibre budgétaire à l'occasion d'une réunion du caucus conservateur à Ottawa en prévision de la rentrée parlementaire.

«Ce que nous allons démontrer, dans notre plan économique, ce qui doit être un vrai budget, est comment nous allons-nous extirper du déficit au fur et à mesure que l'économie sort de la récession», a affirmé Jim Flaherty.

«Nous allons prendre des mesures à court et à long terme dans le budget pour s'assurer que nous établissons des bases solides durant la récession afin de permettre au Canada de sortir de cette récession plus fort qu'avant», a-t-il ajouté du même souffle.

Le ministre Flaherty a aussi affirmé que le gouvernement compte adopter des politiques pour stimuler l'économie et pour soutenir les travailleurs et les entreprises en difficulté, comme le réclament les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.

«Nous allons faire ce que les Canadiens nous demandent de faire, c'est-à-dire, répondre aux besoins des Canadiens en ces temps de récession mondiale. Cette récession a commencé à l'extérieur du pays. Heureusement, nous sommes dans une bonne position pour combattre cette récession. Nous sommes dans une bien meilleure position que la plupart des pays, dont les États-Unis», a dit le ministre.

Selon des informations obtenues par La Presse, l'idée que le gouvernement Harper replonge le pays dans un déficit, le premier en 12 ans, enrage certains députés conservateurs qui y voient une sérieuse entorse aux principes du Parti conservateur.

«Un budget qui compte un gros déficit comme cela, ça rend nerveux les vrais conservateurs qui sont responsables sur le plan fiscal», a confié sous le couvert de l'anonymat un député conservateur qui résume l'état d'esprit de plusieurs députés.

Un déficit de 40 milliards de dollars en 2009-2010 aurait pour effet d'effacer d'un seul coup les efforts pour rembourser la dette accumulée des quatre dernières années. Cette dette s'élève présentement à 457 milliards de dollars et elle pourrait donc bondir de nouveau à tout près de 500 milliards de dollars au cours des 12 prochains mois.

Le bureau du directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a dévoilé hier ses plus récentes projections de la situation financière à Ottawa. Et elles sont loin d'être roses.

Selon ses calculs, le gouvernement fédéral se dirige tout droit vers une série de déficits au cours des cinq prochaines années qui pourraient faire augmenter la dette totale entre 46 milliards et 105 milliards de dollars. Pis encore, ce boulet financier ne tient pas compte des mesures pour relancer la croissance de l'économie canadienne envisagées par le gouvernement Harper en 2009-2010.

Si les sombres projections financières de Kevin Page se concrétisent, Ottawa pourrait ramener la dette accumulée à ce qu'elle était avant la série de surplus entamée en 1997. La dette frisait alors les 562 milliards de dollars.

Selon M. Page, le gouvernement fédéral devra sabrer ses dépenses s'il veut rétablir l'équilibre budgétaire dans cinq ans. «Si, après avoir offert des stimulants budgétaires à court terme, le gouvernement souhaitait présenter une situation excédentaire d'ici les cinq prochaines années, il devrait probablement faire appel à des mesures d'austérité vers la fin de la période, alors qu'on s'attend encore à ce que l'économie n'atteigne toujours pas sa pleine capacité», peut-on lire dans une analyse produite par le bureau de M. Page publiée hier.