La banque américaine en difficulté Citigroup semblait s'acheminer samedi vers un démantèlement de son modèle de «supermarché de la finance», la presse américaine lui prêtant l'intention de vendre sa filiale de courtage et de gestion d'actifs Smith Barney.

La banque américaine en difficulté Citigroup semblait s'acheminer samedi vers un démantèlement de son modèle de «supermarché de la finance», la presse américaine lui prêtant l'intention de vendre sa filiale de courtage et de gestion d'actifs Smith Barney.

Naguère numéro un mondial de la finance, Citigroup, née de la fusion en 1998 du groupe bancaire Citicorp et du groupe de services financiers Travelers Group, a payé un lourd tribut à la crise des crédits hypothécaires à risque de l'été 2007.

Vendredi, l'ancien secrétaire au Trésor américain Robert Rubin a annoncé sa démission avec effet immédiat de son poste de conseiller spécial sans foncTion exécutive qu'il occupait au sein du groupe.

Fervent partisan du modèle de «banque universelle» (un groupe présent dans tous les types de métiers bancaires) développé par l'entreprise, M. Rubin est très critiqué pour sa responsabilité dans la déconfiture de la maison qu'il conseillait depuis près de dix ans.

Juste après l'officialisation du départ de M. Rubin, le Wall Street Journal publiait sur son site internet un article selon lequel Citigroup envisagerait de vendre sa filiale Smith Barney à un acquéreur qui pourrait être la banque d'affaires Morgan Stanley.

Selon le quotidien des affaires, l'opération pourrait passer par la constitution d'une société commune aux deux groupes.

Citant «plusieurs personnes au courant des discussions», le quotidien New York Times parle samedi d'un «accord posible» sur la vente d'«une partie» de Smith Barney à Morgan Stanley «dès le milieu de la semaine prochaine».

Le journal cite notamment un membre de la direction de Citigroup selon qui «il s'agit soit d'une transaction exceptionnelle soit d'un premier aperçu du démantèlement de la société» telle qu'elle a été conçue en 1998.

Cette éventuelle cession du «joyau de la couronne», auquel le PDG de Citigroup Vikram Pandit (ancien de Morgan Stanley) disait encore tenir il y a peu comme à la prunelle de ses yeux, laisse penser que «les difficultés actuelles du groupe sont si fortes que [M. Pandit] cherche à remodeler l'entreprise sur le modèle de ce qu'elle était» du temps de Citicorp, ajoute l'article.

Depuis la crise des crédits immobiliers à risques, Citigroup a déjà aligné quatre trimestres déficitaires d'affilée et les analystes s'attendent à une nouvelle lourde perte pour le dernier trimestre de 2008.

La banque a pourtant été recapitalisée à hauteur de 22 milliards de dollars par des fonds souverains du Moyen-Orient et d'Asiee en novembre 2007 et janvier 2008, avant que le Trésor américain ne débloque 45 milliards de dollars pour la sauver à l'automne.

Mais rien n'y fait, Citigroup, qui a annoncé 50.000 nouvelles suppresions d'emplois en novembre, ne valait plus que 36,78 milliards de dollars vendredi soir en Bourse.

Ironie du sort, Citigroup, qui avait fait dérailler en janvier le projet de «superfonds» proposé par le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson pour gérer les actifs invendables des banques est le groupe bancaire qui a dû recevoir la plus grosse aide du Trésor.

Et à l'heure où elle semble contrainte d'abandonner son modèle de banque universelle longtemps regardé avec méfiance aux Etats-Unis, celui-ci est repris d'une certaine façon par deux des premières banques américaines: Bank of America, qui vient d'absorber la banque d'affaires Merrill Lynch, et JPMorgan Chase, qui après avoir repris en mars la banque d'affaires en faillite Bear Stearns a avalé en septembre la banque de dépôt Washington Mutual.